mercredi 20 décembre 2017

La nuit de la convention non-conventionnelle

« C’est une nuit conventionnelle,
Un chien aboie, une chouette hulule,
Les prisonniers dans leurs cellules
Rêvent de creuser un tunnel. » 

Thomas F : de l'art ou du cochon ?

Thomas Fersen, « Pièce montée des grands jours » (avec Marie Trintignant), 2003. 
Pauvre Marie Trintignant, pauvre Bertrand Cantat.
Quand on cherche la merde avec des drogues et des aventures extra-conjugales, il est rare qu’on soit déçu. Ca mobilise pas mal de petits démonneaux de nos contrées, et de la pire variété verdâtre qui soit.
Et pauvre Fersen aussi, mais pour d’autres raisons.

Et pendant que j'y suis et que j'ai la bouche ouverte, pauvre Warsen & pauvre deux mois : il cherche un raccourci clavier vers le sommeil au coeur d'une nuit non-conventionnelle, mais qui commence à devenir habituelle, rêve de creuser un tunnel pour s'évader de son blog d'auto-addiction, et à chaque fois il se retrouve forçat enchainé à sa plume, lourde comme l'enclume des jours qui filent et qui s'enfilent, aussi moches que ses nuits (qui ne s'enfilent pas, vu qu'il est devant son ordinateur au lieu d'être au lit, je ne sais pas si vous êtes assez attentifs à votre lecture). 

Les gars du marketing
Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, je regardais "les mystères de l'ouest", série télé hybride à base de western et de fantastique, assez improbable pour l'époque, c'est d'ailleurs Jean West et son compère André Breton bretonnant Artemus Gordon qui ont décidé de ma vocation précoce de raconter des histoires en images(1)
Bon, aujourd'hui, c'est vrai, je bosse surtout pour les gars du marketing, mais l'important c'est d'avoir réalisé une partie de ces rêves d'enfant qui ne demandaient qu'à mourir dans l'oeuf.
Heureusement que je ne pouvais pas prévoir l'existence future des liens hypertexte, mes parents m'auraient fait tout de suite interner sur internet, qui n'existait pas à l'époque, mais ça ne les aurait pas gênés plus que ça, on habitait déjà à Ker Non-dit, du côté de Tonquédec, et notre voisin le plus proche s'appelait Géronimo Lagadec, donc par certains côtés la situation n'eut pu être plus absurde, et d'un autre, sans doute que si.


Chaque épisode des Mystères de l'Ouest s'intitulait "la nuit de..." :
La Nuit des ténèbres, La Nuit du lit qui tue, La Nuit de la terreur, La Nuit de la mort subite... franchement, je n'ai aucun souvenir d'avoir vu ces titres incrustés au pré-générique, mais je n'ai rien inventé non plus en matière de féérie télévisuelle; si mon père se prenait pour un gardien de Phare à l'Extrême Gauche du Phare Ouest des Certitudes Intellectuelles, je m'évadais de ses prisons dogmatiques à grands coups de ceinturon de coboye branché sur l'extrême Orient (2) de l'imaginaire le plus débridé, en attendant le remake nippon, qui tarde à nous parvenir à pied par la Chine.
Maintenant, s'il est difficile de démêler le vrai du vrai dans ces affirmations wikilixées, il n'existe pas d'épisode des mystères de l'Ouest intitulé "La nuit de la convention non-conventionnelle".
Ca vient de sortir, comme disait Coluche.



Marie Trintignant, en pire
Tout ça parce que j'ai ré-ré-réécouté « Pièce montée des grands jours » de Fersen en préparant une compilation de Noël pour les oreilles nécessiteuses, que j'y ai entendu Marie Trintignant couiner la chansonnette de sa voix d'une mélancolie indicible, outre-tombale moins d'un an avant sa mort, mesdames et messieurs bonsoir.
Il ne faut déclarer la guerre à la mélancolie qu’à condition d’être certain de la gagner. 

La combattre la renforce. 
Dans le doute, il vaut mieux apprendre à vivre avec. 
Elle se lassera avant nous, et ira ennuyer d'autres clients potentiels, toujours abondants sous nos contrées.
Et puis j’ai commencé à en discuter hier soir avec un ami, et là, c’est le drame, j’avais oublié sa grande sensibilité aux théories du complot eu égard à ce qu'il nomme d'un air entendu la « neutralisation » de Bertrand Cantat, jeune chien fou du music-hall issu d'une scène punk trop politisée pour être policée même menotté à un car de cognes, trop dangereux pour les pouvoirs en place, et je me retiens de lui dire qu’assurément, celui qui a maculé dans les toilettes le corps sans vie de Marie T. encore toute saignante d’empreintes digitales de Bertrand C. est certainement le même qui a conduit le camion sur lequel la moto de Coluche s’est écrasée, et sans nul doute possible celui qui a assuré le suivi médical de la chimiothérapie de Desproges, et qu'il s'est peut-être même tapé la veuve Pompidou, mais là c'était juste pour le fun.
Je préfère écrire ça ici, ça aura plus d'impact dans le Landerneau de l'audiovisuel public bloguitique.



Ca fait peur, hein ?
Surtout si on vous l'offre à Noël.
Et la nuit non-conventionnelle continue de s'étirer vers la pelle du néant du petit matin.

Je diagnostique chez mon ami, lui-même féru de diagnostics d'animaux malades et de pestes en tous genres, une difficulté à accepter qu'on lui ait tué son héros, alors que Bertrand C. n'est même pas mort, mais quand même, sa carrière de dénonciateur des conflits d'intérêts au sein du gouvernement de la République en Marche ou Crève en a pris un sacré coup dans les dents.

Lui me cite, et je le cite « la recrudescence d'incendies rétrospectifs de la nébuleuse noire désire », et surenchérit, biblique, que la différence entre Tintin et Milou, c’est que Milou n’a pas de chien.

Arf.

J'aurais pas des amis un peu bizarres ?




Mais si mon ami n'était pas un peu obsessionnel, il serait sans doute moins mon ami.
Et en plus, on ne s'est pas rencontrés sur Internénette.
Sur Internénette, des obsessionnels, j’en connais.
Ca ne tourne pas toujours au drame.
Tant qu'ils ont les mains sur le clavier, ils sont relativement inoffensifs, malgré leur besoin atavique (tant qu'il reste inconscient) de nuire de nuit.
Et le besoin de briser les conventions sur les armes non-conventionnelles de Geneviève, et de s'affranchir des tabous de Ker Non-dit ne nous précipite-t-il pas vers de nouveaux abîmes non-sensiques, certes moins fréquentés mais tout aussi aliénants ?
Quand on cherche à donner du sens à toute cette folie, des fois on en trouve, surtout à marée basse, des fois on devient barge, et alors on se gondole dans le roulis, ou alors sage, et on renonce aux châteaux de sable, pressentant leur destin à marée haute, des fois un peu les deux.
Et la nuit non-conventionnelle touche déjà à sa fin.
C'est comme ça, la la la la la la la.
"Ah que Retiens la nuit de la convention non-conventionnelle" brâmait Johnny à une femme différente chaque soir, ce qui lui évitait à bon compte d'avoir l'impression de se répéter.
C'était le bon temps.

A côté de ça, la dernière bonne chanson que j'aie entendu de Fersen (thème original, traitement inattendu) évoquait à mots couverts et à fleurets mouchetés le délicat problème de la pédophilie.



Que les choses soient claires : ce ne sera pas le thème de notre prochaine causerie.

_________

(1) ainsi que John Speed et Emma Telle, mais je pressens que l'article va déjà être bien trop long pour s'encombrer de telles fariboles surnuméraires qui prétendent élever le débat au dessus des parties.

(2) on vivait en Bretagne, et je rêvais, d'Ailleurs. 
C'est plus tard, quand j'eus quitté la région, que cette Bretagne affreusement triviale redevint exotique.

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