mercredi 20 février 2013

Se séparer des corps indésirables

La conception d'un film à la gloire d'une usine de méthanisation des ordures ménagères se révèle assez complexe, et ses implications pétaphysiques ne cessent de m'enrichir de leurs potentialités enivrantes, et pas qu'au niveau de l'odeur.
Faire du bon compost et du biogaz avec nos déchets est un processus lent, onéreux et à la rentabilité hasardeuse, aussi discutable que le développement de l'énergie éolienne une fois que les industriels ont mis la main dessus.
Et puis aussi, les enfants, il faut bien trier nos poubelles, parce qu'à l'arrivée sur site on retrouve des bouteilles de gaz et un peu n'importe quoi d'autre dans les bacs.
Je parle pour les citadins, parce qu'en tant que campagnard, y'a pas bézef de matière organique dans mon container, tout part aux poules et au compost.
En tout cas, ce procédé industriel de transformation des déchets en énergie et en biomasse, j'y vois plein de parallèles avec ma vie intérieure, mais faudra quand même me passer au carbone 14 pour vérifier que j'en avais bien une.
Dans la littérature de développement personnel on insiste bien sur le fait de "partir de là où l'on en est vraiment", tout comme dans les grimoires alchimiques, on insiste sur la lenteur de la transformation des énergies viles en or pur.
Ca me convient donc tout à fait comme travail en ce moment.
Dans le commentaire en voix off sur le long trajet que font les déchets ménagers avant de devenir une ressource, à un moment je lis "La fermentation se poursuit par un affinage qui permet de se séparer des corps indésirables" et c'est ce qu'il y a eu de plus poétique dans ma vie en ce jour, c'est important la poésie, à part le pape qui abandonne son taf pour rejoindre la dynamique équipe des bientôt célèbres critiques de cinéma, un pape poète, ça manquait.

"Puant de vérité" a dit ma femme l'autre soir à propos d'autre chose, en l'occurence les rapports humains dans les chansons de Jacques Brel, c'est pour ça qu'elle ne peut pas l'écouter, elle qui prétend qu'en ce siècle de mensonge, la vérité répand une odeur suffocante.
Bref, ça schmoute.

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