mercredi 20 décembre 2006

Prospection



Je suis démarché au téléphone par une femme qui se prétend comme d’habitude mandatée par un institut de sondage à l’acronyme nébuleux , qui veut deux minutes de mon temps pour parler impôts, patrimoine… d’habitude je coupe court, là je suis un peu dans le pâté, elle a l’accent arabe et débite son questionnaire d’une voix hachée, et je me prends les pieds dans une pensée pseudo-compassionnelle pour les gens qui font ces boulots de merde qui sont souvent occupés par des maghrébins ou des africains à condition qu’ils aient une bonne maitrise de la langue, ils y sont mieux tolérés par les français parce qu’on ne les voit pas les occuper, ils doivent être payés au lance-pierre et à la commission, et bon prince je lui accorde ses deux minutes. Le questionnaire devient très vite intrusif, elle me demande si je suis au dessus de 300 €/d’impots par an (et je me sens comme un disque dur investi par une souche Troyenne), si je suis au courant des 33 nouvelles mesures fiscales décidées par le gouvernement, (et je me sens une burne autiste), si la faillite probable des systèmes de retraite ne me donne pas envie de souscrire une assurance privée (et je me sens coupable par incurie du sabotage prochain des systèmes de retraite par répartition )… oké là je vois où elle veut en venir, (et je me sens maintenant honteux de lui faire perdre son temps et de perdre le mien), et je lui dis que je descends là, parce qu’en plus j’ai les boules d’avoir réagi comme papa quand il croisait quelqu’un en difficulté dans ses relations et qu’il disait “je vais m’en occuper person-nel-le-ment” en détachant bien les syllabes, ce qui dénotait l’étendue de sa mansuétude et de sa miséricorde, et que je me retrouve à couiner avec les intonations de mon frère quand il est dépassé par les évènements dans mon téléphone pourri qui grésille que je suis content de ma situation et que j’espère bien transmettre mon patrimoine à mes enfants et que je n’ai besoin de rien, et que je suis furieux d’avoir à proférer des inepties pareilles, que j’ai joué le faux naïf et que je me retouve donc faussement scandalisé… ce match de ping-pong entre des pensées prémâchées se joue dans une arrière-cour en terre battue de mon mental en moins de 5 secondes, elle me remercie de mon accueil et au revoir.
Tout cela ne me dit pas comment j’aurais réagi person-nel-le-ment si je n’avais été submergé de pensées adventices, enfin pas submergé, parce que j’ai déroulé l’écheveau jusqu’à un certain point, assaillants nombreux, défense faible, inexistence de programme propre au lieu du cruel “formidable, ça ne m’intéresse pas du tout!” que je leur assène d’habitude au bout de deux phrases de leur petit boniment, mais globalement je pense que je n’étais pas mûr pour souscrire une retraite complémentaire aujourd’hui.


Commentaires

C’est réconfortant de trouver quelqu’un qui se donne la peine de s’indigner par écrit de prospections téléphoniques.
Je viens de faire l’objet d’une telle sollicitation, ce soir même, assez “originale” : l’appelant prétend me joindre dans le cadre d’une enquête commanditée par le ministère des impôts. Elle veut m’aider à économiser sur mon imposition (jusqu’à 40% de diminution) grâce aux nouvelles mesures gouvernementales.
Je finis par l’éconduire poliment, mais je n’arrive à avoir comme information que le nom de société : phonétiquement “thésaurus”. Je cherche sur Internet à ce nom : rien.
Je fais le 3131 (dernier appelant), et j’obtiens le numéro du … pénultième - et non pas dernier - appel, le portable d’une amie.
Tiens, l’appelant qui me veut du bien masque son numéro…

J’hésite sur le diagnostic du profil du commanditaire : spam politique sarkosien (il a déjà fait des bavures en la matière, soulignées par la CNIL) ou simple “accroche” commerciale pour vendre des assurances vie ?

Quelqu’un a-t-il récemment fait l’objet cet appel type ?
Etes-vous parvenus à “retracer” l’entreprise prospectrice ?

Merci pour tout info.

Pirlouit d’Euskadi

Rédigé par: Pirlouit d'Euskadi - Recherche spammeur politique désespéramment | le 22 janvier

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