samedi 11 juin 2016

Le coin du petit complotiste

Je remonte ce sujet à partir de vieux comm’s d’un article de 2015.
Tout fait ventre.



Daniel : 
"Cette fois, il s'agit de nous, de notre façon de vivre, de notre liberté", explique-t-il, ajoutant que "nous allons tous devoir nous battre pour la préserver".
Ceci me fait raisonnablement me demander si Daesh n'a pas été créé par les Etats occidentaux pour masquer la faillite de leur modèle économique/idéologique.
Le pays est en faillite totale (cf le blog de Jovanovic), des millions de gens sont en-dessous du seuil de pauvreté, les maladies environnementales explosent à cause de la pollution, les gens sont complètement décérébrés, beaucoup sont suicidaires, la violence à l'école est devenue la norme... si nous étions les dirigeants de ce pays et que nous voulions masquer notre responsabilité, comment nous y prendrions-nous ?
John :
Dartan avait une hypothèse dans le même genre, qui avait le mérite " de prendre appui sur un FAIT indéniable : l'autorité ploutocratique repose sur la pénurie. Il est clair, en effet, que les hommes dont les besoins sont comblés peuvent devenir indociles à l'argent. On peut les tenter, les séduire, mais ils ne se laissent pas contraindre. Les affamés, eux, sont sans défense : ils ne discutent ni les salaires ni les ordres. les colonisateurs du siècle dernier s'en sont aperçus : ils se virent obligés de créer des besoins à la main-d'oeuvre indigène lorsqu'ils ne pouvaient la forcer. Donc, si la "loi d'airain" (celle de la faim, de la concurrence à mort) cessait de gouverner les humains, les conséquences seraient celles-ci :

1. La contrainte par la faim échapperait aux puissants.


2. Il leur faudrait agir sur les classes dirigées par des moyens humains au lieu de préhumains.


3. Ils devraient apprendre à exercer l'autorité au lieu d'en hériter les moyens sans nulle peine, ou de l'asseoir sur la force policière.


4. Bref, il leur faudrait substituer la conscience humaine à l'instinct animal dans les rapports sociaux. Ce serait le monde à l'envers : un renversement des idoles, une inversion des traditions, des usages, des habitudes, des valeurs matérielles, intellectuelles, morales. Les puissants et les maîtres y perdraient tout ce qu'ils possèdent. Il leur faudrait céder les postes de commandement à des hommes simples et vrais, qui n'auraient pas plus le besoin de paraître importants qu'Einstein n'éprouvait celui d'éblouir ses contemporains par l'élégance de ses vêtements. Lorsqu'ils sont libérés du besoin de paraître ce qu'ils ne sont pas, les humains deviennent ce qu'ils sont. Face à des hommes de cette sorte, les imposteurs de la puissance, du savoir et de la gloire seraient vite engloutis dans un abîme de subalternité et d'oubli.

On conviendra que, si les puissants et les maîtres avaient été conscients des conséquences inévitables d'un régime d'abondance, il y aurait eu de quoi leur engendrer une terreur panique. Tout plutôt que cet indicible désastre ! Mille fois plutôt la mort que cette humiliation totale ! Et cinq mille fois plutôt le collectivisme et ses policiers, qui, au moins, seraient des hommes tout pareils à eux. Une chose, cependant, est certaine : les puissants et les maîtres n'ont jamais été conscients de ces choses : tout ce qui a été publié depuis deux siècles en fait une avalanche de preuves. 
Mais il faut quand même se poser une question :
qu'auraient-ils pu faire s'ils en avaient été conscients ?
Quels actes auraient-ils pu poser si leur objectif conscient avait été de s'abriter des conséquences d'un régime d'abondance ?
De quels moyens disposaient-ils et dispose-t-on pour ôter aux humains toute possibilité de désobéir à leurs chefs ?
Et, à défaut, pour faire durer la pénurie dans un monde où la productivité a pris le mors aux dents ? Trois solutions évidentes sautent aux yeux :

1. La plus sûre et la plus définitive est celle qui substitue le collectivisme au capitalisme. L'esclavagisme résout idéalement tous les problèmes de l'autorité préhumaine. 

2. A défaut, une pénurie artificielle peut sauvegarder l'autorité ploutocratique. La création de besoins nouveaux et la stimulation de ceux qui existent peuvent contribuer aux mêmes résultats. "

3. Si, malgré ces précations, la productivité devenait menaçante, un moyen sûr de perpétuer le règne de la faim serait la multiplication des hommes. Tout rentrerait dans l'ordre (préhumain) le jour où les ressources de la planète seraient à nouveau insuffisantes pour les nourrir tous. Pour aller plus vite, il serait sage de veiller en même temps au saccage des dites ressources : il faudrait hâter l'érosion des terres arables, ralentir la percolation des eaux et polluer les océans.

jeudi 9 juin 2016

La dictature des cons

Deux titres remarquables repérés pour vous dans la presse écrite cette semaine.
Rien qu'à lire les titres, j'ai envie de renoncer à la presse et de ne plus lire que des vieux comics en v.o. en boucle dans mon iPad.
Mais ça créérait un problème, soulevé par Zep.



C'est vrai que face à la dictature des antiracistes, 
on se dit que la démocratie des racistes serait un moindre mal.
Le problème de l'antiracisme, c'est que c'est aussi bête que le racisme, puisque c'est un présupposé. Une opinion à priori.
N'empêche, c'est un coup à résilier son abonnement à Valeurs Actuelles.


Alors eux, quand je vois comment ils font appel aux pulsions les plus nobles de l'homme (et de la ménagère de plus de 50 ans, qui est un homme comme un autre), et comment ils redonnent au journalisme ordurier ses lettres de noblesse, je me dis que le Gorafi peut aller se coucher. Y'a pas besoin d'en rajouter. Ils ont même un site internet, qui contribue à ma bonne humeur. 

vendredi 4 mars 2016

le mal par le bien (5) : perdre totalement le sens du Réel avec Philip K. Dick

Si j'avais le temps et une meilleure connexion, je passerais ma vie ici :

http://creative.arte.tv/fr/tags/philip-k-dick

Mais j'ai lu tout Dick quand j'étais jeune, et je n'ai pas besoin de le relire pour perdre totalement le sens du Réel : je ne l'ai jamais eu.

lundi 22 février 2016

le mal par le bien (4) : Umberto Eco et la mort

http://www.courrierinternational.com/article/hommage-quand-umberto-eco-expliquait-comment-se-preparer-la-mort

L'article m'a laissé sur ma faim. Au péril de ma vie, je me suis alors rendu en caméra casher sur un forum de téléchargement illégal où j'ai déniché l'article original, dont je me rappelais vaguement qu'il avait une chance d'avoir été publié dans "Comment voyager avec un saumon".
Par chance, il y était.
Comme quoi des fois ça sert d'avoir des lettres.


Comment se préparer sereinement à la mort 
Je ne suis pas sûr de me montrer d'une grande originalité en affirmant que l'un des problèmes majeurs de l'Homme consiste à affronter la mort. Si la question est difficile pour les mécréants (comment faire face au Néant qui les attend ?), les statistiques prouvent qu'elle embarrasse également beaucoup de croyants. Leur certitude d'une vie après la mort ne les empêche pas de trouver que la vie avant la mort est bien agréable et qu'il est détestable de l'abandonner. Aussi désirent-ils de toute leur âme rejoindre le chœur des anges. Mais le plus tard possible. 
Que signifie « Être-pour-la-mort », telle est l'évidente question soulevée ici. La poser, c'est reconnaître tout bonnement que les hommes sont mortels. Facile à dire, tant qu'il s'agit de Socrate mais, dès que ça nous concerne, c'est une autre paire de manches. Le moment le plus difficile sera celui où nous saurons que, pour un instant encore, nous sommes là et que l'instant d'après nous n'y serons plus. 
Récemment, un disciple soucieux (un certain Criton) m'a demandé : « Maître, comment bien se préparer à la mort ? — Une seule solution, être convaincu que tous les gens sont des couillons », ai-je répondu. 
Devant la stupeur de Criton, je me suis expliqué. « Vois-tu, comment peux-tu marcher à la mort, même en étant croyant, si tu songes que, au moment où toi tu passes de vie à trépas, de beaux et désirables jeunes gens des deux sexes dansent en boîte et s'amusent follement, des scientifiques éclairés percent les derniers mystères du cosmos, des politiciens incorruptibles s'emploient à créer une société meilleure, des journaux et des télévisions ont pour seul but de donner des informations dignes d'intérêt, des directeurs d'entreprises responsables s'ingénient à ne pas polluer l'environnement et à nous redonner une nature faite de ruisseaux potables, de montagnes boisées, de cieux purs et sereins protégés par un ozone providentiel, de nuages moelleux distillant les douces pluies d'antan ? Si tu te dis que toutes ces choses merveilleuses se produisent tandis que toi tu t'en vas, cela te serait proprement insupportable, n'est-ce pas ? 
Mais essaie un instant de penser que, à l'instant où tu sens que tu vas quitter cette vallée, tu as la certitude inébranlable que le monde (cinq milliards d'êtres humains) est rempli de couillons, que ceux qui dansent en boîte sont des couillons, des couillons les scientifiques qui croient avoir résolu les mystères du cosmos, des couillons les politiciens qui proposent une panacée pour tous nos maux, des couillons les pisseurs de copie qui remplissent nos journaux d'ineptes et vains potins, des couillons les industriels malpropres qui détruisent la planète. En cet heureux moment, ne serais-tu pas soulagé, satisfait d'abandonner cette vallée de couillons ? » 
Criton m'a alors demandé : « Maître, quand dois-je me mettre à penser ainsi ? — Pas trop tôt, lui ai-je répondu, car penser à vingt ou trente ans que tous les gens sont des couillons, c'est être un couillon qui n'accédera jamais à la sagesse. Il faut y aller mollo, commencer en se disant que les autres sont meilleurs que nous, puis évoluer peu à peu, avoir les premiers légers doutes vers la quarantaine, réviser son jugement entre cinquante et soixante ans, et atteindre à la certitude alors qu'on va sur ses cent ans, mais en se tenant prêt à partir, tous ses comptes à jour, dès réception de la convocation. 
Seulement voilà : acquérir la certitude que les cinq milliards d'individus autour de nous sont des couillons, est le fruit d'un art subtil et avisé, qui n'est pas à la portée du premier Cébès venu, avec son anneau à l'oreille (ou dans le nez). Cela requiert du talent et de la sueur. Il ne faut pas brusquer les choses. Il faut y arriver doucement, juste à temps pour mourir sereinement. Mais la veille, on doit encore penser qu'il existe un être, aimé et admiré de nous, qui lui n'est pas un couillon. La sagesse sera de reconnaître au bon moment — pas avant — que lui aussi est un couillon. Alors, seulement, on pourra mourir. 
Donc, le grand art consiste à étudier petit à petit la pensée universelle, à scruter l'évolution des mœurs, à analyser jour après jour les médias, les affirmations d'artistes sûrs d'eux, les apophtegmes de politiciens en roue libre, les démonstrations de critiques apocalyptiques, les aphorismes de héros charismatiques, en étudiant leurs théories, propositions, appels, images, apparitions. Alors seulement, à la fin, tu auras cette bouleversante révélation : ce sont tous des couillons. Et tu seras prêt à rencontrer la mort. 
Jusqu'au bout, il te faudra résister à cette insoutenable révélation, tu devras t'obstiner à penser qu'on profère des choses sensées, que tel livre est meilleur que les autres, que tel guide du peuple veut vraiment le bien commun. C'est le propre de notre espèce, c'est naturel, c'est humain de refuser de croire que les autres sont indistinctement des couillons. Sinon, en quoi la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue ? Mais, à la fin, quand tu sauras, alors tu auras compris en quoi cela vaut la peine — en quoi c'est splendide même — de mourir. » 
Criton m'a regardé et m'a dit : « Maître, je ne voudrais pas prendre de décisions hâtives, mais je vous soupçonne d'être un couillon. — Tu vois, ai-je répondu, tu es déjà sur la bonne voie. » 
(1997) 




dimanche 21 février 2016

le mal par le bien (3) : les AA de Boston

"Si, dans un élan de charité ou sous la contrainte du désespoir, il vous arrive de passer quelque temps dans les parages d’un établissement de désintoxication subventionné par l’État, tel qu’Ennet House à Enfield, Massachusetts, vous apprendrez de nombreux faits exotiques.

Que le terme terrifiant que les Hispaniques donnent à la pulsion qui pousse les toxicos à replonger inlassablement est tecato gusano, qu’on peut interpréter comme une espèce de ver solitaire psychique impossible à rassasier ou à tuer.

Que les Noirs et les Hispaniques peuvent être aussi racistes, sinon plus, que les Blancs et qu’ils deviennent encore plus hostiles et plus désagréables quand vous vous en rendez compte et manifestez un relatif étonnement.

Qu’un paradoxe rarement évoqué de l’addiction à la Substance est : une fois que vous êtes suffisamment asservi à une Substance pour être obligé de cesser d’en prendre afin de sauver votre vie, la Substance asservissante est devenue si importante pour vous que le sevrage vous fait perdre l’esprit. Ou que, parfois, après avoir été sevré de votre Substance favorite afin de sauver votre vie, quand vous vous agenouillez pour vos prières du matin et du soir, vous vous retrouvez à prier pour qu’il vous soit donné de littéralement perdre votre esprit, à savoir de l’emballer dans un vieux journal, de l’abandonner dans une ruelle et de le laisser vivre sa vie sans vous.

Que certaines personnes ne vous aiment pas, quoi que vous fassiez. Que la plupart des citoyens adultes non toxicomanes ont déjà compris et accepté ce fait depuis longtemps.

Que, même si vous vous êtes cru extrêmement malin, vous l’êtes beaucoup moins que ça en réalité.

Que le Dieu des AA, des NA et des CA n’exige pas que vous croyiez en Lui / Elle / Ça pour qu’Il / Elle / Ça vous aide.

Que les alliances claniques, l’exclusion et les commérages peuvent être des formes d’évasion. Que la validité logique n’est pas une garantie de vérité. Que les méchants croient qu’ils ne sont pas méchants, mais que tous les autres sont méchants. Qu’il est possible d’apprendre des choses précieuses d’une personne stupide. Qu’il est difficile de rester attentif à n’importe quel stimulus pendant plus de quelques secondes. Que vous pouvez éprouver subitement le besoin irrépressible de vous défoncer avec votre Substance, si irrépressible que vous craignez de mourir si vous n’y cédez pas, mais que vous demeurez assis, les mains crispées sur vos genoux, la figure moite d’envie, voulant céder mais tenant bon, voulant tout en ne voulant pas, disons, et que si vous parvenez à dominer cette envie pendant toute la durée de la crise l’envie finira par passer, par disparaître – du moins pour un moment. Qu’il est statistiquement plus facile pour les gens à faible Q.I. de se débarrasser d’une addiction que pour les gens à fort Q.I.

Qu’il est possible de se droguer avec des médicaments pour le rhume et les allergies. Que le sirop NyQuil Vicks titre 25° d’alcool. Que les activités ennuyeuses deviennent beaucoup moins ennuyeuses, de façon perverse, si vous les faites avec application. Que si plusieurs personnes boivent du café dans une pièce silencieuse il est possible de discerner le bruit de la vapeur s’échappant des tasses. Que parfois les êtres humains doivent rester assis sans bouger et, disons, souffrir. Que vous êtes moins sensible à ce que les autres pensent de vous quand vous prenez conscience du fait que, la plupart du temps, ils ne vous prêtent aucune attention. Que la gentillesse pure, sans mélange, désintéressée, existe. Qu’il est possible de s’endormir pendant une crise d’angoisse.

Que la concentration intense sur n’importe quel sujet est ardue.

Que l’addiction est soit une maladie soit un trouble psychique soit un état spirituel (pour ne pas dire spiritueux) soit un TOC soit un trouble affectif ou comportemental, et que plus de 75 % des anciens des AA de Boston qui veulent vous convaincre que l’alcoolisme est une maladie vous font asseoir et écrivent devant vous le mot MALADIE sur une feuille de papier, puis coupent le mot en deux pour qu’il se lise MAL-ADIE, et vous regardent en espérant que cela déclenchera en vous une épiphanie aveuglante, alors qu’en réalité (ainsi que G. Day ne cesse de le répéter à ses conseillers) la mise en valeur du mot MAL dans MAL-ADIE est une analyse lexicale qui ne vous apprend rien, une non-révélation, et insipide par-dessus le marché.

Que la plupart des accros à une Substance sont aussi accros à la pensée, c’est-à-dire qu’ils ont une relation compulsive et malsaine avec leur propre pensée. Que le terme savant des AA de Boston pour désigner la pensée de type addictif est : Analyse-Paralysie. Que les chats souffrent de violentes diarrhées quand on les nourrit de lait, contrairement à une idée reçue. Qu’il est plus agréable d’être heureux que dépité. Que, dans une proportion de 99 %, la pensée des penseurs compulsifs a pour objet eux-mêmes ; que ces 99 % de pensée autocentrée consistent à imaginer des choses qui vont leur arriver puis à s’y préparer ; et que, bizarrement, s’ils cessent d’y penser, 100 % des choses auxquelles ils consacrent 99 % de leur pensée et de leur énergie pour les imaginer et se préparer aux contingences induites et à leurs conséquences ne sont jamais bonnes. Que tout cela est révélateur du désir, en début de sevrage, de perdre littéralement l’esprit. Bref, que l’activité cognitive dans votre tête consiste, pour 99 %, à tenter de se foutre les jetons en permanence.

Qu’aucun individu suffisamment asservi à une Substance pour souhaiter se défaire de son addiction et ayant réussi à s’en défaire, à rester clean pendant un temps, mais ayant pour une raison ou une autre replongé ne s’est déclaré satisfait de l’avoir fait, d’avoir replongé et de s’être ré-asservi ; jamais.

Que l’acceptation est surtout le fait de la lassitude.

Que les gens ont des conceptions radicalement différentes de l’hygiène personnelle de base.

Qu’il est, paradoxalement, plus plaisant de désirer quelque chose que de l’avoir.

Que faire une fleur à quelqu’un en secret, anonymement, sans que ce quelqu’un sache que c’est vous ni que personne d’autre sache ce que vous avez fait pour lui, sans essayer de vous attribuer la paternité de cette B.A. en aucune manière, est une forme d’addiction.

Que la générosité anonyme peut être, aussi, une évasion.

Que faire l’amour avec quelqu’un que vous n’aimez pas vous donne un sentiment de solitude plus profond que de ne pas l’avoir fait, après coup.

Qu’il est permis de vouloir.

Que chacun croit dur comme fer, en son for intérieur, sans l’avouer, être différent des autres. Ce n’est pas nécessairement pervers.

Que les anges n’existent peut-être pas, mais que certaines personnes peuvent néanmoins être des anges.

Que Dieu – sauf si vous êtes Charlton Heston, ou dérangé, ou les deux – s’exprime et agit par l’intermédiaire des êtres humains, si Dieu existe.

Que Dieu peut considérer la question de votre croyance en son existence comme tout à fait secondaire dans la liste des choses qui l’intéressent chez vous.

Que l’odeur du pied de l’athlète est nauséabonde dans le genre doucereux, tandis que celle de la moisissure sèche podologique est nauséabonde dans le genre aigre.

Qu’une personne – atteinte de la Mal/-adie – fait des choses sous l’influence de Substances qu’elle ne ferait pas en état de sobriété et que les conséquences de ces actes ne peuvent être ni effacées ni amendées. Les crimes et délits en sont un exemple.

Que les femmes chicanos ne sont pas appelées chicanas. Qu’il en coûte 225 $ pour obtenir un permis de conduire du Massachusetts avec une photo mais sans nom. Que la privation de sommeil volontaire est aussi une forme d’évasion dont on peut abuser. Idem pour les jeux de hasard, le travail, le shopping, le vol à la tire, le sexe, l’abstinence, la masturbation, la nourriture, l’exercice physique, la méditation/prière et l’habitude de s’asseoir si près du vieux TP DEC d’Ennet House que l’écran emplit tout votre champ de vision et que l’électricité statique vous chatouille le nez comme une moufle pelucheuse. (sans compter, selon certaines écoles intransigeantes de pensée en 12-Étapes, le yoga, la lecture, la politique, le chewing-gum, les mots croisés, le solitaire, les intrigues amoureuses, le bénévolat, l’activisme politique, l’adhésion à la N.R.A., la musique, l’art, le ménage, la chirurgie esthétique, le visionnage de cartouches même à distance normale, la loyauté d’un bon chien, la ferveur religieuse, la serviabilité constante, la manie constante de procéder à l’inventaire moral des autres, le développement d’écoles de pensée intransigeantes en 12-Étapes, ad infinitum ou pas loin, y compris les confréries en 12-Étapes elles-mêmes, au point que dans la communauté AA de Boston on se raconte parfois tout bas l’histoire de certaines personnes tellement avancées dans un sevrage intransigeant qu’elles se dépouillent d’une échappatoire potentielle après l’autre jusqu’à ce que, finalement, d’après la rumeur, elles finissent assises sur une simple chaise, nues, dans une pièce vide, sans bouger mais également sans dormir ni méditer ni s’abstraire, trop avancées pour supporter l’idée de l’échappatoire émotionnelle potentielle qui consisterait à faire quoi que ce soit, et finissent assises là, sans le moindre mouvement ni la moindre échappatoire jusqu’à ce que longtemps après on ne retrouve sur la chaise vide qu’une très fine couche de matière cendreuse blanc cassé que l’on peut faire intégralement disparaître avec une serviette en papier humide.)"

David Foster Wallace, " L'Infinie comédie".

lundi 15 février 2016

le mal par le bien (2) : le boson de Higgs

Maintenant que les Turcs et les Russes se battent pour bombarder des hôpitaux d'enfants en Syrie, nous donnant l'espoir de renouveler notre inspiration pour chercher de bonnes raisons de pleurer et d'ouvrir ainsi notre Coeur à la Grande Compassion, n'oublions pas, à travers nos larmes, que la Science reste vecteur d'espoir.
Après tout, on vient de découvrir qu'Einstein avait raison au sujet des ondes gravitationnelles.

Comparons la version BD et la version télé des amusantes aventures du boson de Higgs, qui nous réconcilierait presque avec Lagerfeld.

1/ la version blog BD :

http://tumourrasmoinsbete.blogspot.fr/2013/01/vendredi-quarks-en-confetti.html

2/ la version télé :

http://creative.arte.tv/fr/episode/tu-mourras-moins-bete-1030-le-boson-de-higgs-quesaco?language=fr

Assurément, nous mourrons moins bêtes.