mercredi 16 décembre 2015

Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs d’Al-Qaida


Je suis inséré dans la toute petite file d’attente (pour un dimanche matin) du tabac-presse, pour racheter des sucettes à cancer.
Les gens doivent être à la messe, ou au marché.
A mes côtés, un pauvre type, un faux air de Jack Palance avec qui la vie n’aurait pas été tendre, la cinquantaine incertaine, je sens son haleine alcoolisée à deux mètres, et le temps que j’atteigne le comptoir, il alerte de vagues connaissances, présentes dans l'établissement, sur un fait navrant qui vient selon lui de se produire à deux pas, sur la place du bourg.

« Y’a un vieux qui s’est fait tirer son pognon au distributeur Carte Bleue. Par un jeune arabe.
- Non ? pas possible ?
- Si, si, c’est René qui l’a vu ! 

(je parie que René, il n’est pas rené en Alcooliques Anonymes. Pas encore.)

C’est pas la première fois. Ces gens-là, faut vraiment s’en débarrasser. 
Le meilleur des arabes, y vaut pas le pire des français. »

Des petits vieux s’approchent timidement en mode Zombie Walk, et commencent à dessiner un vague cercle autour de lui, irrésistiblement attirés par le rayonnement maléfique de son message fort au gouvernement.

Je me suis arrêté au milieu de mon lancer de billet de 10 euros, et on échange un regard interdit avec le jeune buraliste sympa qui se met d’habitude à sourire dès que je passe la porte, parce qu’il sait que je vais lui faire une blague rigolote qui égaiera sa morne existence de vendeur de drogue de mort. 
Il me murmure « faudrait pas qu’il continue longtemps dans ma boutique, çui-là… »
Je suis rassuré, au fond j’ignorais comment il allait réagir. 
Je lui réplique à mi-voix, sur le même ton de conspirateur parce que Jack Balance est à un mètre cinquante : « Oui, moi c’est pareil, si je te pète un scandale ici, ça va faire désordre… »
Ayant constaté notre impuissance mutuelle à stopper l'évènement déplaisant en cours, nous concluons donc notre transaction.
Je sors du tabac.
J’en allume une.
J’en reviens pas.
On est le fameux dimanche d’élections régionales 2015, deuxième tour, et les racistes sortent du bois après la pluie comme les champignons après la douche électorale du premier tour.


Décomplexés. 
Pour eux, c’est open bar.

Tout ce que cette petite ville de province compte de sexagénaires et plus si longévité, traumatisés par la tuerie du 13 novembre - un mois, déjà - est soudain toute ouïe aux apôtres de la France du Pire, la France de la Haine.

On se croirait en 36.

Je tire sur ma clope.
Jo la Booze tarde à sortir du tabac.
Est-ce que j’aurais dû l’apostropher il y a deux minutes à peine ?
genre « excusez-moi, mais ma femme est arabe » ?

Vanitas too late : l’idée ne m’est pas venue.
En plus, c’est le genre de connard à avoir un surin dans sa poche.
J’aurais eu l’air malin.
Sur le moment, j’ai juste eu envie de lui péter la gueule.
Pas très constructif, comme réaction épidermique.

Je repense à ce que disait Daniel dans une autre incarnation, à propos de disciples bouddhistes occidentaux dépressifs :
«Le problème, c'est (…) d'arriver à gérer l'orgueil bien réel qui résulte du sentiment de sa propre nullité, car plus une personne se trouve nulle, plus en général elle aura développé de l'orgueil par-dessus pour arriver à survivre. »

Je me dis que le raciste, c’est ça son problème fondamental :
gérer l'orgueil qui résulte du sentiment de sa propre nullité.

Pas de bol, il l’externalise sur plus faible, plus pauvre, moins bien loti que lui, qui ne l’est déjà guère à la grande loterie de la Vie.


Puis Jack La Haine sort du tabac, entouré d’un petit aréopage de vieux et de vieilles confits dans leur rancitude inquiète, et s’éloigne à pas mesurés.

J’en reviens toujours pas.
Je passe au marché acheter des huitres et des câpres, parce qu’on n'a qu’une vie, et je rentre.

A table, j’évoque l’incident.
Ma femme me regarde comme si j’étais le dernier des Gogols.
« Enfin, je te dis souvent que ça fait des années que ça a recommencé. Ce type est sans doute payé par le FN pour faire le tour des bars et attiser la haine. C’est sans doute lui qui a dépouillé le petit vieux dont il parlait. » 

Putain ! Pendant que j'avais la tête ailleurs, ma femme a tourné conspirationniste !

Ca m’apprendra à me branler sur Internet.







Edit du 28/12/15 :


Mon ami raciste from john warsen on Vimeo.



mardi 15 décembre 2015

Charb versus Phil K. Dick : Je suis vivant et vous êtes morts

C'est marrant comment, si les morts pouvaient parler, ils répèteraient sans doute la même chose, ou un truc du genre.
Les dessins de feu Charb n'ont pas pris une ride !

(first published  on ze 12 décembre, à la veille du second tour des régionales 2015)









Dans la même collection :

Phil K. Dick contre Guy Béart


Edith : 



Rendez-vous après le dépouillement, pour fonder un club hyper-secret.
Envoyez vos mails de demande d'adhésion à l'adresse habituelle.

Vous recevrez le traditionnel cadeau de bienvenue.

Cette année, il me reste des légumes de saison, à se mettre éventuellement dans le derrière après les résultats dans votre circonscription.




lundi 14 décembre 2015

Petits cauchemars entre amis (à partir d'un film trouvé dans les égouts du Net)



89

La nuit dernière, M* a rêvé d’une scène banale et quotidienne :
le matin, quand elle est dans le pâté, et qu’elle cherche comment s’habiller...
Dans le rêve, elle se demandait s’il valait mieux mettre un soutien gorge bleu ou noir.
Ce qu’elle voulait, c'est ne pas être gênée aux entournures, car elle avait une ceinture d’explosifs autour de la taille, qui la boudinait un peu.
Ca l’a réveillée, pas spécialement de bonne humeur.

89 bis

dans le même temps, C* a rêvé qu’elle se faisait piquer par un frelon qui la faisait muter en Vélociraptor (dans le Réel, ou ce que nous prenons et nommons comme tel, c’est le nom affectueux que nous donnons à nos poules)
Pour éviter de tuer tout le monde une fois transformée en monstre, elle s’est suicidée.
Brave petiteIl faudra que je lui montre la Mouche de Cronenberg.  
Je leur ai conseillé de moins regarder la télé.



autour du 20 Novembre 2015


Je viens de comprendre pourquoi je trainais sur tous ces sites de petits démonneaux de nos contrées ces jours derniers, sans me décider à prendre leurs films(1), en passant par des serveurs où il faut de toute façon raquer pour avoir des vitesses de débit tolérables, et alors là, engraisser les tuyaux au lieu de rétribuer les auteurs, nein danke.

J'en étais à me remémorer un film recroisé chez Strange Vomit Dolls.
Et le généreux commentaire qui le laissa sans nul doute ravi, au lit.
Des fois, je suis bon.
Des fois.
Mais j'aurais aussi bien pu aller relire ce que j'en disais là :

http://johnwarsen.blogspot.fr/2009/03/les-films-de-chtrouille-sans-y-aller.html



...du temps où Vertueuse Indignation rimait encore avec Pouvoir de Conviction, mais déjà avec Bocal de Cornichons.

























dans la même collection : 

à partir d'une photo trouvée dans les égouts du Net

Un peu raide à 14 ans

(avec commentaires hyper-intéressants avec 10 ans de recul)



dimanche 13 décembre 2015

La Bibliothèque de Babybel


article publié sur un forum hyper-cacher, genre caserne d'Ali Babio, juste après l'effondrement de leur (notre) base de données, et légèrement enrichi pour pouvoir être usé en comm' externe.

Posté ze 03 November 2015 - 05h19

1/ La Bibliothèque de Babel
est une nouvelle de l'écrivain Jorge Luis Borges publié en 1941, puis en 1944 dans son célèbre recueil Fictions. Cette nouvelle est inspirée d'une nouvelle de l'écrivain, philosophe et mathématicien allemand Kurd Lasswitz intitulée La bibliothèque universelle et publiée pour la première fois en 1904.

La nouvelle décrit une bibliothèque de taille gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles (chaque page formée de 40 lignes d'environ 80 caractères) et dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une façon identique. Les livres sont placés sur des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages et recevant toutes le même nombre de livres. Chaque livre a le même nombre de pages et de signes. L'alphabet utilisé comprend vingt-cinq caractères (vingt-deux lettres minuscules, l'espace, la virgule et le point).

Cette bibliothèque contient tous les ouvrages déjà écrits ainsi et tous ceux à venir parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n'être constitué que d'une succession de caractères ne formant rien de précis dans aucune langue).

Cette nouvelle, une métaphore de la littérature, est profondément influencée par la kabbale.

Le thème de la « Bibliothèque de Babel » a été réactualisé par le développement de l'informatique qui permet de composer toutes les suites possibles avec un nombre donné de caractères, dans la limite de l'explosion combinatoire.

Richard Dawkins a imaginé l'« ordinateur de Babel » : 4 Mo de RAM remplis de toutes les façons possibles et imaginables, parmi lesquelles forcément un certain nombre de noyaux parfaitement en ordre de marche. Dont tous les noyaux Linux passés, présents et à venir, tant qu'ils font moins de 4 Mo, ainsi que ceux de tous les Windows sous la même condition.

David Deutsch, reprenant et généralisant une idée d'Hugh Everett, estime que l'univers que nous connaissons représente précisément l'un des volumes d'une sorte de bibliothèque de Babel.

Il est possible de calculer le nombre de livres distincts présents dans la bibliothèque (voir l'article Combinatoire) : chaque livre comporte 410 pages, chaque page comporte 40 lignes et chaque ligne comporte 80 caractères, il existe 25 caractères différents. Donc le nombre de livres distincts est


Ce nombre comporte 1 834 098 chiffres, ce qui montre que les ordinateurs ne sont pas en mesure de créer effectivement cette bibliothèque. En revanche, rien de plus simple que d'en générer des pages au fur et à mesure de la demande du lecteur, ce qui ne comporte pas de différence fonctionnelle.

Remarquons qu'il faudrait plus d'un livre (environ 1,4 en l'occurrence) de la Bibliothèque de Babel pour écrire ce nombre.
(…)
Dans un petit essai sur « la Bibliothèque de Babel », W.V.O. Quine a remarqué que cette bibliothèque, bien qu'immense, n'est pas infinie et qu'il y a théoriquement un moment où tous les ouvrages possibles auront été écrits.

L'allusion à l'existence de zones ordonnées dans un espace dénué d'information peut aussi être vu comme un écho de la question philosophique "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" et de la réponse que lui suggère Brian Greene : "Parce que ce quelque chose est l'une des formes possibles du rien".

=> exemple pris au hasard dans la vie quotidienne : "en ce moment, le forum ** est l'une des formes vachement possibles du rien"

(sans parler de l'album éponyme d'OnestZen)


"En savoir plus sur Rien", tout un pogrome !

2/ La Bibliothèque de Babybel 

(hébreu : מגדל בבל Migdal Babel, en arabe : برج بابل Burj Babil) est une blagouze de John Warsen imaginée en 2015 sur le forum ** sans trop se casser le tronc, à partir d’un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa'h, en Genèse 11:1-9.

"La cyber-Terre ayant été peu à peu repeuplée après le Crashes réussi du fofo, les hommes s’arrêtent dans la vallée de Semmar pour édifier une nouvelle tour d’eBooks en fromage durci dont le sommet atteint les cieux. Dieu interrompt leur projet en dissipant les nuages un 3 novembre, brouillant leur langage, uni jusque-là, et répandant une température de 22° centigraves aux alentours, ce qui provoque un nouveau ramollissement de l’édifice ** et la dispersion de la plupart de ses membres à la surface de la Terre, jurant mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus, parce que chat échaudé craint l'eau chaude, qu’ils ne veulent pas périr dans un Tsunami de fromage fondu, et qu’ils préfèrent de beaucoup opérer un retour salubre à la Réalité IRL.


Sauf ceux qui ont attrapé tellement d'acouphènes qu'ils se précipitent d'abord chez leur ORL, purée je me kiffe d'être aussi kikoulol.


Bon alors à quelle heure elle rouvre, cette putain de librairie ?

J'ai pas que ça à faire.

Le projet de nouvelle tour de refroidissement par eau du serveur **,
conçue pour éviter tout incident navrant à l'avenir nécessairement radieux.




Posté ze 04 November 2015 - 18h53

L'avis d'un expert :

Je ne comprends pas : d'une part la figure de la B. de Babel ne me parait pas correspondre à la description donnée "zones ordonnées dans un espace dénué d'information" car un ensemble de signes dénué de sens (l'ensemble) n'est précisement pas un ensemble denué d'informations.

D'autre part, la question ontologique "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" n'a pas de rapport non plus ni avec la B. de Babel, ni avec "l'existence de zones ordonnées dans un espace dénué d'information" car l'on parle d'être et non des différents modes d'être ie que la question peut-être formulé ainsi : Pourquoi y a t-il de l'être plutôt que de l'absence d'être ?

J'ai beaucoup de mal à concevoir ce que peut-être "une des formes possibles du rien", ce qui me fait dire que la soit-disante réponse de Greene est plutôt une boutade qu'autre chose.

Posté ze 05 November 2015 - 13h10

Dès qu'on est un peu pointu, on s'aperçoit que les articles rédigés par l'armée des ombres des wikistes anonymes tirent parfois plus vers la licence poétique (de classe IV) que vers le factuel objectivable.

Ainsi de celui sur le rêve lucide, qu'un copain dans ton genre a retouché ici, (et auprès duquel je me sens petit), sans retoucher les 20.000 francs qu'il pouvait attendre de ce nouveau départ, comme nous tous qui tâchons de mettre un peu d'animation dans la cage d'escalier avant la reprise des hostilités suço-lécheuses.

Quant à à concevoir ce que peut-être "une des formes possibles du rien", c'est très simple : tu l'as en face de toi.

Mais je reviendrai sur la question (dit-il avant de disparaitre à jamais).

posologie et précautions d'emploi :

Cet article sera drôle à partir de 2024, et au moins jusqu'en 2028, après dissipation des brumes radio-actives matinales. Dans cette attente, des hôtesses vont passer parmi vous, avec un assortiment de revues et de boissons fraiches.




Pendant ce temps, IRL au pied de mon lit, j'ai pris tous mes tas pour en faire un gros.
En attendant de retaper l'étagère du garage.



* IRL est l'acronyme de "In Real Life", faux ami qui n'a pas peur des vrais.

samedi 12 décembre 2015

Brêve de comptoir : Le soudain regain de popularité d’une religion mésopotamienne en Islande

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/12/09/le-soudain-regain-de-popularite-dune-religion-mesopotamienne-en-islande/

Je vous l'avais dit, que ça serait bref.
Quoique je puisse brièvement commenter :
"Cette religion voue un culte à Zu"...
Ben moi, ça fait des années que je voue un culte à Maitre Zhu, (cliquez sur "Oui", vous ne serez pas déçus) et le gouvernement ne me paye pas un rond pour ça !
Alors, vaut-il mieux se mettre le doigt dans l'oeil, ou dans le culte ?
Et si le sage montre sa Lune, où va-t-on pouvoir aller s'empiffer après la séance de méditt' ?

Oh là là vraiment je suis trop drôle et vulgaire quand je laisse en moi Lucie faire, elle n'a pas son pareil pour chasser ma morosité ambiante.
Mais si tu as envie de ne pas rigoler un bon coup, mon ami, clique ici.

Ou là, à la rigueur.

Hashtag #Chidantonfrocpimeur.

vendredi 11 décembre 2015

Voutch (IV)



Je sens bien que je m'éloigne de mon lectorat de base.
N'oublions pas que même après l'éclatant succès remporté au Japon par mon aphorimse "la Réalité, c'est ce qui fait mal quand on éteint l'ordinateur®" que des thuriféraires un peu farceurs ont ailleurs détourné à des fins perverses qui ne regardent qu'eux (je n'en veux pour exemple que le consternant "La réalité, c'est ce qui fait mal quand on éteint le vibromasseur ©", mais après tout, comme les Le Pen, je considère que la mauvaise publicité reste quand même et avant tout de la publicité, à condition qu'ils me citent dans leurs articles de merde), je pense qu'il est temps de revenir à des valeurs sûres, qui ont fait ma renommée dans le Landerneau de l'éditorial musclé sur blog hyper-secret :
la collection de dessins de Voutch.
A tel point qu'on pourrait dire sans se gausser que c'est là la clé de Voutch de mon blurg, sauf en période d'incendies de poubelles, comme très récemment encore, à tel point que la branche armée de Veolia Propreté n'est même pas entrée en l'action.
Heureusement que mes lecteurs sont de vrais gentlemen, et qu'ils éteignent eux-mêmes spontanément (ou presque : en léger différé) les départs de feu qu'ils n'ont pas peu contribué à créer.

























jeudi 10 décembre 2015

la course contre la honte (4/4)

Il m'écrit (lui) : 
»Salut mon vieux sage,
C'est idiot, et étrange ... je continue la dérive lente, faite de ressacs.
Je crois que fondamentalement, l'idée de l'abstinence ne passe pas dans ma tête.
Je ne me sens pas de taille. J'espère me lasser, sans y croire. Je tiens, dans une vie qui tient un peu par miracle, aux limites, avec une bonne dose de mensonge par omission. Tout ça est bien fragile. Néanmoins, je m'intéresse aussi à autre chose niveau loisir, ça c'est mon vieux côté passionné. Je ne suis donc pas dépressif aigu, bien que malheureux.
C'est idiot, et étrange ... j'attends surement un événement, en actionnant les manettes à ma disposition : changement de vie, ... c'est déjà énorme ! J'aurai déménagé 2 fois et changé 4 fois de statut en 1 an 1/2 (boulot 1, chômeur, boulot 3, boulot 4 à venir). Peut être faut-il s'exiler loin, mais loin de toute connectique ? et alors, pourquoi ne pas l'envisager ? sinon, des médicaments. Je commence à me poser sérieusement la question ...
Bien à toi, la warsenure !


Je lui réponds :
"t'as vraiment décidé de mourir la bite à la main et les bottes aux pieds comme un vrai cowboy ?
ton truc, c'est comme visiter le salon de l'auto sans pouvoir jamais acheter une seule voiture.
Se condamner au lèche-vitrines perpétuel, c'est de la cruauté mentale envers soi-même.
C'est un truc de smicard, pas d'ingénieur. (il va décrocher ce nouveau job, mais comme il s'est interdit internet à la maison, il ne surfe qu'au boulot et est un peu inquiet de se rendre compte que demain, il n'aura pas "droit à l'erreur" qu'il s'accorde aujourd'hui)
anyway, l'abstinence, c'est que pour aujourd'hui : hier c'est trop tard, et demain est hors de portée.
"J'espère me lasser, sans y croire." là franchement, j'ai trouvé mon maître dans le sophisme.
Je m'incline. Mais pas devant ma bécane.

Enfin, pas aujourd’hui.





L’addiction est n’importe quelle activité humaine, utilisée pour sa valeur hédonique, 
sur un mode plus ou moins déséquilibré. 

"Le grand secret, c'est d'accepter sa fragilité, dans le sens de cesser d'alimenter en vain cette partie de soi qui refuse la faiblesse, et qui se montre faible justement par sa dépendance vis-à-vis d'une image idéalisée de soi. Dans ce cas, accepter sa fragilité, c'est alors couper le problème en plus petits morceaux, pour pouvoir le digérer: car tant qu'on porte en soi une partie qui refuse l'autre et qui réclame à son profit toute l'énergie pour poursuivre contre soi-même un combat sans fin, on n'est pas prêt d'arriver. Alors qu'en cessant ce combat-là, on récupère son énergie pour réellement avancer.
Il n'y a pas d'autre solution pour sortir d'une dépendance, que de cesser de vouloir se croire plus fort que le produit. Il faut accepter son impuissance, accepter que le produit est le plus fort. On peut alors commencer à être vraiment fort, aussitôt qu'on n'est plus dépendant d'une victoire sur le produit. Entendons-nous bien: vouloir être plus fort que le produit, c'est vouloir en consommer de manière maîtrisée, c'est vouloir se prouver qu'on est capable de le contrôler, alors qu'accepter que c'est lui le plus fort, c'est cesser de le fréquenter, c'est ne plus rechercher dans l'impossible victoire sur lui l'image d'un moi fort que seule cette victoire pourrait fournir, c'est sortir de cette quête illusoire qui entretient le cercle infernal de la dépendance."

Mon parcours, je peux le résumer fastoche :
Une liste variée de subterfuges pour échapper à cette vérité apparemment insoutenable : 
de la naissance à la mort, nous sommes indiciblement seul (c'est pourquoi je retranche le s) dans notre pyjama en peau. Quand j'ai fini par accepter cette solitude comme une donnée de base plutôt que de la craindre comme une malédiction, et de vouloir la fuir à coups de compulsions paniques, l'équation a été plus facile à résoudre.

Evidemment que la dépendance de base, elle est affective et sexuelle :
Tout plutôt que la solitude, tout plutôt que la liberté et la responsabilité de donner un sens à sa vie.
Une fois ce gros morceau bien indigeste avalé, reste la question des outils.
La réponse que je me suis donnée, c'est de les essayer tous, jusqu'à trouver ceux qui me convenaient.
Un psychiatre, le sevrage, la rencontre d'Orroz, le costume de chevalier blanc sur les forums, une thérapeute, du bouddhisme, des blogs, le travail, le jogging, le rebirth, les rencontres avec des dépendants, les comics en VO… 
je mesure bien la chance que j'ai, et je comprends que je reste fragile, et puis redevenir la proie du tigre de l'addiction, prêt à me sauter dessus si je bouge, disons si je lève le coude ou si je commence à dégrafer mon ceinturon devant mon ordinateur, comme un vrai cow-boy fraichement arrivé en ville et qui se dit qu'il va se taper une cyberpute au saloon parce que ça fait 3 mois qu'il est dans le désert depuis trop longtemps, et que les vaches ça va bien un moment mais qu'elles ont une conversation somme toute limitée...
Bref. Un jour à la fois.

Le plus dur à trouver, c'est l'équilibre entre prudence et névrose. Je retrouve une note où une amie me rappelle que "L'addiction est plus ou moins le sort de chacun, bien que certains comportements compulsifs reçoivent des compliments, ce qui les fait passer pour autre chose. Il y a en effet des addictions à son travail, ou à la propreté dans la maison, p.ex. qu'on peut facilement observer autour de soi. 
Un autre point qui m'est venu à l'esprit, c'est que le simple fait de vouloir en finir avec l'addiction provoque une tension qu'il va forcément falloir relâcher, et comme la manière habituelle de décompresser est justement l'addiction, il est parfaitement normal que ça reprenne de plus belle.
C'est pourquoi je pense que le conseil de *** proposant de remplacer l'addiction par une autre moins gênante est un excellent conseil. Reste à le mettre en pratique, et là l'obstacle peut paraître insurmontable, vu qu'on n'a pas l'impression que le nouveau jouet vaille l'ancien, impression qui se confirme aux premiers essais.
Bref, en pratique, après avoir soigneusement noté tous les détails possibles sur le sujet, (…) l'obstacle ici est fait de prendre les choses au sérieux. En effet ce comportement compulsif qu'on a bâti à partir de rien, a l'air d'une montagne, et c'est là que les observations glanées aux trois niveaux peuvent nous venir en aide, pour décider de ce qu'il en est réellement.
Comme dit Castaneda, les gens ne savent pas à quel point il est facile de laisser tomber une habitude; et s'ils ne le savent pas, ils savent autre chose au sujet de ce qui nous occupe, à savoir p.ex. que c'est difficile, long, qu'il y a des échecs fréquents, bref toutes sortes de choses très sérieuses. 
Ce sérieux, c'est le fait de prendre nos idées pour une réalité de solide et immuable. Elles sont solides, en effet, ces pensées, pour peu qu'on leur prête vie, et immuables, si on les entretient, mais on peut parfaitement jouer à en inventer d'autres, qui seront non moins solides, et je suppose que c'est ce que font les bouddhistes tantriques qui en arrivent à prendre le thé avec leur yidam. 
Jouer avec les pensées, ça permet de faire un petit peu bouger les noeuds qui nous lient à cette réalité bien précise qui est la nôtre, car nos prisons commencent avec une pensée.
Après cette prise en mains des pensées, il convient de choisir une autre "addiction pour jouer", et là il suffit de choisir parmi nos penchants naturels, quelque chose de non gênant. Si on a l'impression que ça ne marche pas, il faut se rappeler que c'est un jeu; on fait semblant en attendant de voir qu'on a fait semblant beaucoup auparavant, pour en arriver à créer cette réalité qui nous embête. "



 "Tant qu'un homme n'a pas réalisé qu'il ne PEUT PAS s'arrêter, il continue de croire qu'il n'a pas de problème. Pourquoi? Parce qu'il est tellement fier qu'il ne supporterait pas de passer pour un drogué. Et pourtant... le reconnaître, c'est faire le premier pas vers la délivrance.
Vous avez tous remarqué que ce Forum s'intitulait ORROZ & Dépendances. Cela signifie bien que toutes les dépendances sont liées. Mais elles ont leur origine quelque part dans la psyché. Dans votre prime enfance ou lors de votre adolescence, ou plus tard quand vous avez commencé à devenir adulte mais que vous avez eu du mal à l'accepter. En fait, tous les dépendants sont des bébés qui ne veulent pas devenir adultes, cad s'assumer. Alors, ils conservent la tétine le plus longtemps possible (la clope au bec, le verre d'alcool, le pétard ou la dose de sexe virtuel). Une fois que vous avez compris ça, il faut se faire aider. Je le répète encore une fois: SEUL vous n'y arriverez pas aussi rapidement ! Alors, préférez-vous passer trois ans à vous sevrer, ou une seule année ?
Quand j'étais encore dépendant, je vivais une véritable dépression.


Moi aussi je suis passé par les "sites de célébrités (chanteuses, actrices...)" et "au bout de quelques minutes de navigation je me retrouvais à télécharger des trucs pornos..." Moi aussi, je me retrouve quand il dit qu'il serait capable de se "provoquer une maladie incurable pour que les gens viennent me consoler, me soutenir, me plaindre..."
Et comme j'étais psy, cela me fit alors prendre conscience que je n'avais pas résolu un problème majeur : celui de cet enfant intérieur qui avait souffert dans son enfance d'un abandon. Je me suis fait aider par un collègue et j'ai commencé à me sevrer car j'ai compris que je devais GRANDIR ! que me lamenter ne servait à rien, parce que si quelqu'un m'avait pris dans ses bras en me disant "oh le pauvre petit comme il a bien du chagrin", cela n'aurait rien changé à mon mal-être et je serais inévitablement retombé dans l'addiction. Ce n'est pas d'un câlin dont a besoin l'enfant blessé, mais de quelqu'un qui lui explique que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et qu'il doit GRANDIR afin de se guérir lui-même de ses blessures.
a+
Orroz


"Nous nous percevons comme des réservoirs vides ne demandant qu’à être comblés, et l’autre devient alors cette source à laquelle nous aimerions nous abreuver. Qu’il s’agisse d’une rencontre avec un maître spirituel ou avec une maîtresse ou un amant, nous devons réaliser que cette manière de rencontrer l’autre comme s’il était source de notre plénitude est une erreur fondamentale.
Je ne dis pas que les relations doivent être évitées mais qu’elles doivent être vues pour ce qu’elles sont : des lieux possibles d’expression de l’amour mais pas des échoppes où l’on viendrait s’achalander."



La question qui devrait hanter le dépendant ado ou adulte, c'est "combien de temps faut-il pour être sevré et pouvoir laisser trainer un regard amusé à la devanture du rayon hot du marchand de journaux à l'idée de ce que la frustration peut faire vendre ?"

Les dépendances sont liées. Mais elles ont leur origine quelque part dans la psyché. Dans votre prime enfance ou lors de votre adolescence, ou plus tard quand vous avez commencé à devenir adulte mais que vous avez eu du mal à l'accepter. En fait, tous les dépendants sont des bébés qui ne veulent pas devenir adultes, cad s'assumer. Alors, ils conservent la tétine le plus longtemps possible (la clope au bec, le verre d'alcool, le pétard ou la dose de sexe virtuel). Une fois que vous avez compris ça, il faut se faire aider. Je le répète encore une fois: SEUL vous n'y arriverez pas aussi rapidement ! Alors, préférez-vous passer trois ans à vous sevrer, ou une seule année ?

Il y a pour l'instant un commentaire client.

http://abonnes.lemonde.fr/pixels/article/2015/08/04/une-breve-histoire-de-la-censure-des-sites-pornographiques_4711451_4408996.html

Edit : 

Objet : Blasphémator® matin et son supplément paroissial





La pensée du suicide est une puissante consolation : elle nous aide à passer maintes mauvaises nuits. (Nietzsche)