vendredi 4 décembre 2015

Quand les Américains s'essayent à la "French Touch"



Je lisais l’autre soir dans le courrier des lecteurs de Télérama :

« Les medias, je vous en prie, gardez l’anonymat des bourreaux et mettez un visage sur les victimes.
« Le martyre, c’est le seul moyen de devenir célèbre quand on n’a pas de talent » (Desproges) »

Hé ben les mecs du Los Angeles Times, ils doivent lire Télérama, dis donc.

http://www.latimes.com/local/lanow/la-me-ln-san-bernardino-shooting-victims-htmlstory.html


Pour l'instant, on mène encore la partie : 130 à 14.
Mais il faut rester prudents, la FIFA a du plomb dans l'aile, et les Ricains savent faire les choses en grand quand ils sont motivés.
De mémoire, pris dans un orage dans l'Utah, mon fils avait finement observé que "même les gouttes d'eau étaient plus grosses" (sic)

http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/visuel/2015/11/25/enmemoire_4817200_4809495.html


Et la Bonne Bière rouvre ses portes, lol.


De quoi faire prendre un coup de sang au gérant du Café Death Porc.





http://johnwarsen.blogspot.fr/2015/01/impunite-sentiment-d.html

Sinon, pour changer d'R :
19/ ouvrir la fenêtre

28 bis/ sortir faire un tour et écouter le chant des oiseaux, qui se fichent bien de nos petites combines & autres arrangements avec les Morts et les Vivants

44 ter / lire Piketty.

127 / prier pour Scott Weiland, sans doute encore en pyjama dans les bardos à l'heure où nous mettons sous presse.


Edit : 

les nouvelles du soir.


Pour ne rien vous casher, elles ressemblent à celles d'hier comme une vieille pute défraichie se ressemble à elle-même.
(je m'excuse s'il y a parmi mes lectrices des v.p.d, je peux parfois avoir des propos stigmatisants à l'insu de mon plein gré)
J'hésite quand même à voter nuisible dimanche, je fais assez de mauvais esprit comme ça.
Serais-je en train de m'asculer du côté absconobscur de la Farce ?
Ma mère m'avait bien dit de ne pas lire le Néonomicon.

Allahin Soral me vienne en aide.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/04/le-front-national-cette-imposture_4824550_3232.html

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/03/le-fn-en-tete-des-intentions-de-vote-dans-six-regions_4822959_4640869.html

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/12/04/tuerie-en-californie-la-femme-avait-fait-allegeance-a-l-etat-islamique-sur-facebook_4824912_3222.html

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/04/regionales-l-extreme-droite-contamine-la-campagne_4824098_4640869.html

mercredi 2 décembre 2015

Rions un peu avec Luchien (d'infidèle)


« S’ils sont venus chez lui, c’est qu’il y avait quelque chose »

Pauvre Luchien...






but seriously...
How Will I Laugh Tomorrow 
When I Can't Even Smile Today ?

surtout si je pense à la terrible solitude de la France face à Daech.

Chérie, c'est la guerre !






mardi 1 décembre 2015

La course contre la honte (2/4)

Tu sais maintenant que tu ne trouveras jamais le bonheur dans le porno : ça serait déjà fait.
C'est pas la peine de lutter, c'est perdu d'avance, et c'est en renonçant à ce combat que je sauve mes fesses par tranches de 24 heures. 
Tous, ici, on apprend à faire ça. Même si au départ on s'en croit incapable.
Au début, d'ailleurs, ça nous arrange : quand on tombe, on tombe de moins haut. 
Mais au fur et à mesure que le temps passe, on en voit qui gardent la tête hors de l'eau plus longtemps que d'habitude, et au bout d'un moment on voit pas pourquoi on n'y arriverait pas non plus tellement la méthode est simple : un jour à la fois.
 Une heure à la fois.
 Un instant à la fois. 
S'éloigner de l'ordi, sortir de chez soi, lire, écouter de la musique, faire du yoga, écraser des trolls sur son blog, toutes les actions qui nous éloignent de notre terrible obsession et de la frustration qui nous y replonge.

J'essaye de comprendre ce qu'elles veulent me dire, mes frustrations, elles sont là pour me rappeler d'essayer de mettre dans ma vie ce qui lui manque, au lieu d'aller compulser, ce qui renforcerait la tristesse, le dépit, le mépris de mes besoins réels, enfin bref tout ce qui fait que les marchands de cul nous tenaient par les couilles et que peu à peu l'étau se desserre, et je peux te dire que ça fait du bien.
On respire.


Comme on dit aux AA, tourne tes yeux vers la lumière, même si tu ne la vois pas encore.

Si tu n'y arrives pas tout seul et si tu te noies dans les forums, c'est parce que sur Internet, le problème principal, c'est que le lieu de rétablissement est confondu avec l'objet même de la dépendance, comme le dit bruno69.

Va te faire aider. Retourne voir ton psy, cherches-en un autre, débranche ton pécé avant de perdre ce que tu crois posséder mais qui en fait te possède et t'aliène 2, et te donne envie de pleurer, et de crever. Et comme tu ne peux faire ni l'un ni l'autre, tu retournes te planquer dans ton trou. Mais dans ton trou, ça pue, même toi l'odeur te fait suffoquer.
Alors tu reviens sur les forums, et t'as l'impression que l'enquète piétine, bien qu'on connaisse d'avance l'assassin et le mobile du crime.
 Evidemment que c'est facile pour moi de te le dire, du haut de mes 6 mois patati patata. 



Durée d'abstinence mon cul, on est toujours ici à un clic du pétage de gueule.
Pas plus, pas moins.
Essaye de conserver ce click d'avance.
Pour aujourd'hui. 


Aux heures de marée haute de la pulsion sexuelle,
on remet son ciré, et bientôt on voit la crue se tasser. 

Gars, se dégouter c'est préparer la rechute par auto-apitoiement.
J'accepte mon passé sans en être suffoqué : déjà qu'il va mettre un moment à passer, si à chaque fois qu'il me remonte à la gorge je dois vomir, on s'en sort pas.
 Il n'y a que l'abstinence à long terme qui permette de se débarasser de cet encombrant mépris pour soi-même.
Comme le disait Orroz,"ne culpabilise pas. Tu n'es ni un monstre, ni un pervers, mais bien une victime de cette société trop permissive qui s'est laissée avoir par la "libération sexuelle" et l'invasion de la pornographie. Mais tu es aussi une victime consentante, et c'est cela qu'il faut d'abord traiter. Tu as fait le premier pas en venant sur ce Forum, à toi de faire tous les autres en te sevrant."

J'aime bien ce terme de victime consentante : il faut commencer par cesser de consentir.
Et continuer.

Accidentellement, nous pouvons croiser des images.
De loin, et sans réponse de notre part, elles nous rappellent le rapport de dépendance que nous avions avec elles. Pas de blâme, pas d'angoisse : le sevrage fait qu'on se sent détaché de ces représentations. On râle sur l'image de la femme symbole de consommation entre les mains des publicitaires, mais ce n'est plus un problème personnel.

De près, ça veut dire qu'on s'est rapproché, un peu trop sans doute.
Il est peut-être encore temps de prendre du recul : 
ces images ne sont que le support de projections émotionnelles.

Qu'appelles-tu la libération du désir ? ne plus lui être asservi ? L'abus de porno est une bonne occasion de se rendre compte que la nature du désir est de rester inassouvi, ou de changer d'objet : si on croit qu'il appelle sa propre réalisation, hop ! il s'en va se nicher ailleurs.


Quand Orroz dit "18 mois pour être peinard", ça veut pas dire qu'après, tu peux "reprendre une activité normale" avec ces sacrées images.

Imagines-tu un toxico à l'héro qui, longtemps après son sevrage s'offre un petit shoot d'usager "récréatif" ?Plus je me protège, moins j'ai envie de me satisfaire avec de la merde ou devenir l'otage de mon dépit. Et plus j'ai envie de conserver mon énergie pour des choses qui valent le coup.
Et de retrouver le respect de moi et des autres; et les jours où ça me gratte, je me dis que ça me passera, ou je recherche les raisons de cette excitation sexuelle dont je sais qu'elle est passagère (plus on abstine et plus on pige comment ça marche) et je demande à l'esprit de l'univers de me désencombrer de ce truc dont je ne sais que faire.
Je m'en remets à ce dieu farceur qui m'a conçu couillu pour m'apprendre le sens de l'humour...et le lâcher prise.

Avant le porno, je me rappelle cette recherche d'un plaisir partagé, ce besoin d'un échange où l'on donne du plaisir avant de le recevoir. 
La compulsion ayant brouillé les cartes et arraché toute la tuyauterie, cette magie est longue à revenir. 
Quelle que soit la difficulté du sevrage, chercher à "soulager la tension" n'est pas pour moi une raison assez bonne pour m'engager dans un rapport qui ne peut se contenter d'être sexuel (sinon autant continuer à se branler !)

Un des effets secondaires de l'abstinence continue, c'est que ça m'est devenu indifférent (intellectuellement) de faire l'amour ou pas.
Bien sûr j'en ai souvent envie, bien sûr je recherche l'intimité, qui en est le prémisse, mais sachant que les moments où je cherche réellement l'échange me semblent encore rares, j'ai dévalorisé mes propres attentes.
L'abstinence n'est pas une discipline olympique, je ne me prends pas pour un performer de l'ascèse, simplement me rappeler d'où je viens me permet de relativiser l'urgence de ma demande.

lundi 30 novembre 2015

Le transhumanisme, une religion 3.0


LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 02.11.2015

Par Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision)


Les religions ont connu trois étapes. D’abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du ­Livre. Aujourd’hui émerge un troisième âge : l’homme-dieu. Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg – « Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver » – est une évidence. Dieu n’existe pas encore : il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi-infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, ­informatique et sciences cognitives (NBIC).


L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire : créer la vie, modifier notre ­génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, a déclaré en octobre : « Dès les années 2030, nous ­allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir ­démiurgique (Godlike). » Cette vision de l’homme du ­futur, tout-puissant et immortel, rappelle les scénarios hollywoodiens du type Transcendance (Wally Pfister, 2014) et fait sourire. Elle traduit toutefois un mouvement de fond. Pour la première fois, un mouvement philosophique prétend arracher l’homme à sa condition d’objet ballotté par la nature et la transcendance pour lui donner un rôle moteur dans l’évolution.

Modifier le destin de l’Univers

Certains transhumanistes, comme le philosophe ­Clément Vidal, envisagent même de se servir de nos futurs pouvoirs pour modifier le destin de l’Univers tout entier. Pour les transhumanistes, il serait rationnel, et non d’une vanité ultime, de rendre l’Univers immortel pour assurer notre propre immortalité. En réalité, le transhumanisme traduit, comme pour les religions polythéistes et monothéistes, les interrelations entre nos capacités et nos croyances. Une religion prométhéenne exaltant la toute-puissance de l’homme face aux éléments était inconcevable avant le triomphe des NBIC.
Les religions actuelles veulent bien nous aider à supporter notre mort – dans la foi –, mais en aucun cas nous aider à la supprimer ! Pour la plupart des trans­humanistes, les NBIC vont décrédibiliser Dieu et le remplacer par l’homme-cyborg. La religion de la technologie est-elle en train de remplacer la religion traditionnelle ? Y aura-t-il de violentes oppositions, voire des guerres de religions entre transhumanistes et techno-conservateurs, ou une transition douce ? En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion : le dalaï-lama se passionne pour la neuro-théologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme sera-t-il la religion intermédiaire avant l’ère transhumaniste ?
Ce troisième âge religieux est lourd de menaces. Dans sa passionnante conférence de 1972, à l’université de Louvain, Jacques Lacan expliquait pourquoi la mort nous aide à vivre et pourquoi la vie serait terrifiante si elle était sans fin. Quand tout est possible, l’être ­humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l’absence de contraintes est source de ­désarroi. L’idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l’illusion de sa toute-puissance, qui est ­mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, les psychiatres ne vont pas chômer !


dimanche 29 novembre 2015

La course contre la honte (1/4)

NOTES POUR TÉMOIGNAGES à l'espace B* –  LE 23/02/14
(suite du post sur l'addiction pornoïque)

Pendant des années, j'ai caressé l'idée que c'était effectivement irréversible. Ca m'arrangeait bien, ou plutôt ça arrangeait bien le singe que je portais sur le dos et qui, avec des idées comme ça, était certain d'avoir à becqueter tous les jours. 
Je peux pas te dire que ça se soit fait en un jour avec la grande lumière et tout le tremblement. Il y a eu la prise de conscience progressive de tout ce que j'étais en train de perdre et de foutre en l'air : ma vie et celle des miens. 
Le déclic déterminant, ça a été le forum d'Orroz : au lieu de rechercher les causes personnelles, que je savais ne pouvoir atteindre sans l'aide d'un psy, je découvrais le dénominateur commun : le porno m'avait vaincu, mais j'étais pas le seul. 
D'autres témoignaient avoir été totalement sanibroyés par le même produit. 
Dans les premiers temps du sevrage, même avec des rechutes, il faut s'accrocher au connu : le contenu du site d'Orroz, et les témoignages qui convergent de partout. On sait qu'on ne vivra plus jamais la dépendance dans la résignation parce qu'on apprend qu'on peut échapper à ce mensonge un jour à la fois en se rappelant que c'en est un, et qu'il est inutile de le faire perdurer : la souffrance l'emporte immanquablement sur le plaisir.
Dès qu'on se casse la gueule, il faut l'admettre, surmonter le dégoût qu'on s'inspire car ce n'est jamais que de l'orgueil mal placé à accepter son impuissance, et recommencer le sevrage. 


 Tu peux fréquenter tous les forums du monde, et tous te serineront les mêmes évidences. A quoi bon lutter ? si tu admets la défaite, tu prends les mesures pour te protéger. Les ruses que nous mettons en place pour succomber à notre passion fatale, c'est de l'intelligence gaspillée. Tu dis "je m'arrangeais pour me retrouver 3 heures durant devant mon ordinateur et jouir des plaisirs virtuels que le web nous propose. Le même rituel à chaque fois, profonde respiration, plonger dans le porno et les cam", tu peux te poser la question : ton plaisir est-il virtuel ou réel ? es-tu toi-même quand tu te branles, ou t'estimes-tu victime d'une illusion ? quand tu prends ta profonde respiration, est-ce que tu pourrais pas en profiter pour NE PAS plonger dans le grand bain de merde dont tu ne peux ressortir que sali, honteux et encore plus frustré après qu'avant ? voir à ce sujet la méthode respiratoire de super guerrier 3000, que je trouve c'est le cas de le dire, bien inspirée.



N'oubliez pas que le désir ou le sentiment de toute-puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. 
Le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
 Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.

(emprunt à la grande prêtresse du Tantra de la Main Gauche, merci à elle !)
Orroz ajoutait :"C'est pourquoi je propose aux dépendants de transformer leurs désirs de pétasses en désir vrai d'amour pour leur partenaire car en réalité c'est cette omnipotence du désir qui permet d'atteindre la vraie jouissance."


Faut pas rêver : on s'est shootés à L'EXCITATION SEXUELLE pendant très longtemps, donc tous les symptômes du manque, on les manifeste pendant des mois, et c'est l'inverse de l'excitation : apathie, dépression, aphasie, vomissements, diarrhée, saignements de nez, oedèmes pulmonaires, tumeurs scrotales..... 
bon j'arriverai pas à finir ce post, je me marre trop de ma connerie, désolé ;-(
...l'essentiel, c'est de savoir qu'on va passer par ces états dépressifs, et de s'y préparer, puis de les traverser en conscience, c'est à dire en confiance. Un truc à se rappeler quotidiennement pendant les affres du sevrage, c'est qu'on va pas en mourir, malgré qu'on sente bien que quelque chose meurt en nous, avec beaucoup de couinements d'indignation. 
Ouf , c'est pas nous : c'est l'autre.


 Re: Suite au viandage (07/04/2006)
"...poursuivre la croissance qui s'est arrêtée pour moi un jour de 1988 où j'ai vu Brigitte Lahaie faire des choses inconcevables pour le petit garçon que j'étais alors ..."
Yyyyeeessss ! t'as tout compris : le porno stoppe net le développement affectif, puis le réduit en purée sanguinolente.
 La sensibilité se dégrade en sensiblerie, et nous devenons de pauvres choses tremblotantes aggripées à l'image que des commerçants peu scrupuleux ont réussi à fourguer à nos rêves. 
Quand je dis "impuissance devant le produit", ça veut dire que le combat est perdu d'avance puisque le porno est plus fort que nous. Il ne s'agit donc plus de l'affronter mais de s'en détourner pour sauver ce qui peut l'être : puisque la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, elle resserre ainsi le noeud qu'elle prétend défaire "pour un moment". 
Commercer avec un produit dans l'espoir de retrouver un plaisir qui naissait de la fortuité de la rencontre, faut vraiment être baisé de la caisse pour penser que ça peut marcher. L'addiction c'est le fait que notre raison est "incapable" de percevoir ce fait. 

Le sachant, nous pouvons mettre de la distance entre nous et le produit.



Je me demande si la compulsion au porno ne relève pas elle-même (en tout cas pour moi) d'une forme symphoniquement pathétique d'auto-apitoiement : j'ai tenté de me "consoler" de ma vie sexuelle insatisfaisante par une vie sexuelle imaginaire beaucoup plus riche. Evidemment ça s'est avéré aussi efficace que de boire de l'eau salée quand on a soif, comme dit Mathieu Ricard, qui met toujours beaucoup d'eau dans le sien. 
Il est finalement salubre que ce mensonge m'ait précipité dans l'enfer de l'addiction, puis m'en aie fait fuir épouvanté. Ce n'est pas dans l'imaginaire que nous pouvons soigner nos bobos réels, c'est en posant des actes, quel que soit le temps que ça prend pour que le sevrage nous aide à nous pardonner et à revenir à la raison, c'est à dire sortir de notre spirale délirante.






Ce petit florilège de textes issus de correspondance privée, de conversations de forums & autres blagues de cyber-comptoir a tout naturellement trouvé sa place dans le recueil de mes articles de blog relié en peau de moine tibétain que je compte offrir à ma femme pour Noël (chut, c'est une surprise) 

_______________

Aucun aphorisme n'a été torturé pendant le tournage.

Il n'y a pour l'instant aucun commentaire client.

samedi 28 novembre 2015

Des écrivains contre la terreur (2/2)


Donner un sens à l’abîme, par Marcello Fois


LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015

Je suis parfois obligé de rappeler que, depuis toujours, le but d’être des personnes, et pas seulement des êtres vivants, consiste à donner un sens à l’abîme dont nous provenons. Les communautés ont appelé Histoire ce réservoir d’expériences à travers lesquelles l’homme a réussi à devenir un animal politique, et pas seulement un corps réactif, un organisme bestial.

Il m’arrive d’éprouver la frustration de me considérer comme pensant contre ceux qui ne pensent pas, de me sentir tolérant contre ceux qui ne tolèrent pas, de me sentir instruit de tout ce que ceux-là veulent ignorer. On comprend aujourd’hui combien coûte le maintien de notre propre sens, démocratique, du monde. Les faits horribles de Paris représentent une mise à l’épreuve de la puissance de celui-ci. Ce qui est mis en jeu ici, aujourd’hui, c’est la résistance de ce que nous avons défini, avec trop de superficialité, comme démocratie occidentale. Doit-on s’humilier au point de céder  ? Ou doit-on répondre avec la fermeté de la culture  ? Répond-on en ressemblant à l’ennemi ou réaffirme-t-on que rien, rien au monde, aussi horrible, aussi animal, aussi intolérant soit-il, ne peut nous faire abandonner l’idée que toute civilisation se développe dans l’expression de sa propre tolérance, de sa propre liberté  ?

Je n’ai aucun doute là-dessus. C’est à partir de la France, de la grande France, que ces valeurs, de liberté, de tolérance, de fraternité, se sont diffusées dans le monde. Ce qui explique pourquoi l’attention de ceux qui veulent imposer un modèle antilibéral, intolérant, égoïste, s’est concentrée sur ce grand pays. Il serait trop facile de céder à la résignation de la rage. Notre rage doit nous confirmer dans nos valeurs constitutives. Notre douleur, atroce, doit nous rendre plus lucides, et pas nous aveugler. C’est difficile, l’envie de céder est forte, mais cela signifierait donner raison à ceux qui nous veulent faibles, incertains, indécis, à ceux qui nous veulent, en un mot, vaincus.

Eh bien, ils ne doivent pas y parvenir. Je suis rivé à l’écran de télévision, je pleure ces pauvres créatures massacrées, je pense à mes enfants et dans leurs yeux je lis, en quelque sorte, ma défaite. Parce qu’il est évident que, d’une façon ou d’une autre, je n’ai pas été assez efficace, j’ai vainement cru que la culture était un rempart assez fort pour résister aux assauts de ceux qui, depuis toujours, voient en elle un danger à abattre. Ensuite, j’essaie de sourire et de leur dire que la seule défense possible est dans la fermeté des principes. Leur abandon serait la vraie défaite. Le coût que nous avons à payer, le terrible coût que nous devons payer, consiste justement dans cette précise fermeté. Ils ne nous forceront jamais à rester cloîtrés à la maison, ils ne nous forceront jamais à croire sans réfléchir, ils ne nous forceront jamais à voiler et à isoler nos femmes. En aucune façon, ils ne nous forceront à entrer dans leur abîme.

Aujourd’hui, et pour toujours, nous sommes tous français.


Le monde est fou, par Pierre Pachet

LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015


« La guerre ? C’est quoi une ­kalachnikov ? Un kamikaze ? », me demande ma petite-fille, 17 ans. Je reviens sur le sergent soviétique ­Kalachnikov, qui, dès les années de guerre conçut cette arme automatique – « elle tire des balles à répétition  » – fiable et peu coûteuse. Les kamikazes étaient des unités de l’aviation japonaise vouées à lancer leurs appareils chargés de bombes sur la flotte américaine, en 1944, sans espoir de survie du pilote. Puis le terme fut utilisé pour qui se lance dans une attaque en y sacrifiant sa vie.

Ces deux innovations ingénieuses ouvraient le règne de l’objet portatif, de la puissance de l’individu insaisissable (me dis-je). Elle : «  Mais la guerre que tu as connue, c’était autre chose ? Avec des armées, des canons ?  » «  Bien sûr.  » Ce que je retrouve pourtant, c’est la façon dont la vie intime est interrompue et menacée par une masse obscure, lointaine ou trop proche  : pas les accidents, les maladies, le manque d’argent. La vie intime  : le souci pour les siens, le désir de retrouver l’appartement à l’odeur familière, les objets que l’on chérit, les pensées partagées ou abritées en soi. Où sont-ils  ? Ne devaient-ils pas aller ensemble à un concert dans ce quartier  ? Et jadis : pourvu qu’ils aient choisi d’aller à l’abri, plutôt que de suivre le mouvement de foule qui conduisait vers un parc qui n’était pas un objectif militaire, et qui a été sévèrement bombardé.

Les adultes se disputent. Leur monde est devenu fou. Eux qui doivent dire comment faire, et ils ne s’en privent pas, cachent peu leur incertitude. Leur devoir est de rassurer. Comme le chien de chasse de l’ambassadeur à Belgrade décrit par Malaparte dans Kaputt, que les bombardements aériens affolent, et que rassure un coup du fusil familier tiré dans le jardin. La guerre menée ailleurs avec de vraies armées, qui ne manquent pas d’agresser des civils au hasard, frappe ici dans la ville prospère, éclairée. Elle y déchire les âmes, qui doivent cependant se rassembler sur elles-mêmes pour poursuivre leur vie, sans trop se sentir coupables de le faire, garder le sens des proportions.


Une nouvelle urgence langagière, par Richard Ford

LE MONDE DES LIVRES | 18.11.2015

Aujourd’hui, j’ai découvert dans le New York Times l’interrogation toute simple d’un Parisien témoin du carnage du 13 novembre à qui un journaliste demandait ce qu’il pensait des événements. «  Pourquoi nous  ?, disait ce malheureux. Pourquoi nous, encore une fois ?  »

Quand j’ai lu cette phrase, je me suis dit que si la stupéfaction de cet homme se comprenait sans peine, sa question appartenait déjà au passé, à un passé qui nous laisse sur place. Il n’y a pas si longtemps, le 7 janvier dernier, au lendemain du massacre à Charlie Hebdo, elle était peut-être encore pertinente : nombre de citoyens, dont quelques écrivains américains de mes collègues, s’accordaient à dire qu’il y avait une logique dans ces assassinats, et qu’il nous faudrait la prendre en compte en étant, par exemple, plus respectueux de la religion des autres – le corollaire étant qu’en retour, ces autres-là auraient peut-être l’obligeance de cesser de nous tuer.

Ce raisonnement n’avait aucun sens pour moi, déjà à l’époque. D’une part, parce que je ne me crois nullement tenu de respecter la religion d’autrui (mais seulement le croyant lui-même, pourvu qu’il mérite effectivement mon respect). Et surtout parce que je n’ai jamais cru une seconde que ces attentats avaient quelque chose à voir avec la religion. Ils représentent au contraire une tentative aveugle pour s’emparer du pouvoir politique à l’arraché en s’appuyant sur le crime organisé, la psychopathologie et la pseudo-religion.

Au lendemain des événements sanglants de la semaine dernière, celui qui demande «  Pourquoi nous ?  » se trouve dans les mêmes dispositions d’esprit que les Américains qui affirment volontiers sur un ton d’excuse «  Ça n’arriverait pas chez nous  » (ce qui reste à voir, d’ailleurs) quand un assassin abject entre dans une salle de classe et massacre des dizaines d’élèves. Ces deux réactions renvoient à la nostalgie d’un temps où nous avions – quel luxe ! – une forme de prise sur les événements. L’histoire, la logique, la prévisibilité sont autant de termes qui ne veulent plus tout à fait dire la même chose aujourd’hui qu’hier, et nous ferions bien d’en prendre acte si nous ne voulons pas avoir à payer un prix effroyable. La catastrophe est lourde de conséquences qui vont beaucoup plus loin que ce qui saute aux yeux – jusque dans l’usage des mots et la formulation de questions d’une importance vitale.

Dans son superbe essai Patries imaginaires (10/18, 1995), mon ami Salman Rushdie cite le plus parisien des romanciers américains, Richard Wright : « Jadis, en Amérique, les Noirs et Blancs se sont livré une guerre sur la nature de la réalité. Leurs représentations étaient incompatibles… il a fallu trouver de nouveaux termes pour rendre compte du monde avant de le changer. » Quand bien même la plupart d’entre nous n’espèrent plus changer le monde de leur vivant, mais seulement opérer quelques rectifications propres à dissuader certains de les effacer de la carte, passer au crible les mots de tous les jours pourrait soutenir utilement ce projet louable.

Car il ne manque pas de mots à redéfinir, à réattribuer, pour qu’ils épousent au plus près cette réalité émergente ; soyons fermes avec eux, ils ne nous serviront que mieux  : il est crucial de les prendre au sérieux.

Les journalistes sont bien évidemment concernés par cette nouvelle urgence langagière, eux qui nous dispensent une information – ou une désinformation – vitale à nos yeux. Avec la concurrence des chaînes d’info en continu, où tout ce qui est rapporté semble avoir plus ou moins le même poids, le souci de la langue tend à tomber en désuétude. Pour y remédier, on peut dans un premier temps se baser sur l’approche classique du journalisme selon l’éditorialiste américain Walter Lippmann : «  Le rôle du journaliste, écrit-il, c’est de fournir au citoyen une image de la réalité qui lui permette d’agir.  »

Cette définition s’applique assez bien à tous, dans la mesure où la responsabilité civique se manifeste dans l’usage raisonné des mots, surtout quand on a le canon sur la tempe.

Donc. Par où commencer devant la nouvelle urgence ? Nous avons l’embarras du choix. Lorsque le président Hollande dit «  Nous sommes en guerre  » et affirme qu’il livrera cette guerre de manière «  impitoyable  », que veut dire le mot «  guerre  » face à cet Etat qui n’est pas une nation, sous le masque duquel opère Daech ? Et qu’indique sur nous le terme « impitoyable  » ?

Lorsque mon ami journaliste m’a dit au téléphone depuis Paris : «  Personne n’a le sentiment que ce carnage soit tout à fait fini  », entendait-il la même chose qu’hier par ce mot ? Faut-il en déduire que nous attendons ? Attendre, mais encore ? Quand un homme politique déclare qu’il veut «  restaurer la confiance  » au lendemain du drame, la confiance est-elle encore d’actualité ? Quelqu’un aurait-il le pouvoir de la restaurer ? Madame Le Pen, on le sait, s’exprime souvent en langage codé, mais enfin, concrètement et dans la vraie vie, à quoi renvoie son appel à «  réarmer la France  » ?

Et quand un responsable parisien dit qu’il tente de «  comprendre le sens de cette tragédie  », on se demande de quel «  sens  » il pourrait s’agir, mais surtout quelle démarche permettrait de le «  comprendre  ». Que veut dire « en sécurité » désormais ? Qu’est-ce qu’une « urgence » ? Le mot «  choc  » pèse-t-il encore son poids ? Avons-nous seulement le temps d’être sous le choc ? Irons-nous mieux en nous déclarant « choqués » ? Et quant à cet homme qui voulait savoir «  pourquoi nous, une fois de plus  », encore faudrait-il déterminer à qui au juste renvoie ce «  nous  », et si «  une fois de plus  » n’exprime pas qu’une redite parfaitement creuse.

«  Existentiel  » est également sur la liste. La question « de vie ou de mort », tout à fait explicite hier, est devenue «  une question existentielle  ». Il fut un temps où l’adjectif traduisait des considérations moins primaires que la simple survie. L’ami qui m’a téléphoné aujourd’hui me disait : «  Avec tous les discours des divers politiciens, il devient difficile de savoir comment exister.  » Oui, ça, je comprends. Comme pour nos amis les journalistes, les termes que nous employons devraient témoigner que nous avons conscience de nos actes, conscience de ce qu’ils entraîneront, avec les meilleures intentions. C’est peut-être ce que nous entendons par «  une question existentielle  ». Comme je l’ai dit, un drame tel que celui qui vient de mettre Paris à si terrible épreuve implique des conséquences complexes. Il change le sens des mots. Il n’y a pas grand-chose à y faire, sinon essayer de ne pas se laisser prendre de court par l’histoire.