dimanche 1 février 2015

[Repost] La Science Mystérieuse des Grands Anciens


23 mars 2009

Qu'on soit sympathisant bouddhiste, altermondialiste abonné à Télérama, nihiliste mollement scandalisé par l'inanité des problèmes de riches exposés dans le film Lost in Translation et du besoin de congruence dont il fait ses choux maigres, ...ou impatient de n'en être pas déjà plus loin dans notre glissade vers l'irrémédiable, ...ou simplement un être humain en quête de son humanité, se demandant à quel moment elle est tombée du camion, ...ou rien de tout cela, ni personne d'autre non plus, se croyant affranchi des terres signifiantes,... les phrases suivantes curieusement extraites de leur contexte et d'un ouvrage de prospective apocalyptique à pot catalytique (ne) nous incite(ro)nt (guère) à nous sortir de l'ornière où les habitudes et l'héritage culturel nous ont mené, trois secondes avant que les cavaliers de l'Apocalypse nous tombent sur le râble à bras raccourcis, à en croire les promesses prospectives qu'ils nous font. Et qui semblent avoir peu de chances de n'être pas tenues, à la hauteur de vues où elles sont prédites.
«Nous ne croyons pas ce que nous savons. Notre connaissance intellectuelle ne nous émeut pas assez [...] pour se traduire en actes [...]. Il n'y a pas que le climat ou l'énergie qui offrent ce genre de constat. [...] L'effort ne doit pas d'abord porter sur une augmentation de la connaissance disponible, mais sur la mise en mouvement des grands fainéants que nous savons tous être [...]»
Mais de quoi parlent-ils ? de l'avenir de la planète à court terme, of course. Pas mon sujet préféré, mais un peu indispensable à la survie des autres, quand même.
Deux interviews des auteurs pour manger avec :

http://www.manicore.com/documentation/articles/entretiens/planete_terra.html

http://www.manicore.com/documentation/articles/entretiens/nouvelobs2.html
Ils viennent de sortir un nouveau bouquin sans doute tout aussi remarquable que le précédent, qui rencontrera un succès d'estime auprès des spécialistes.
Sur le même thème, j'ai entendu Bertrand Méheust parler de son dernier livre "la politique de l'oxymore" un samedi matin chez Stéphane Paoli :
"Les démocraties modernes possèdent-elles les ressorts nécessaires pour prévenir et affronter lacatastrophe écologique due au réchauffement climatique ? Comme l'explique Bertrand Méheust, ce n'est pas de l'écologie libérale et du «développement durable» que viendra la réponse : ces discours consistent à graver dans l'esprit du public l'idée que l'écologie est compatible avec la croissance et même mieux qu'elle la réclame afin de masquer l'incompatibilité entre la sociétéglobalisée dirigée par le marché et la préservation de la biosphère. Un univers mental ne renonce jamais à lui-même si des forces extérieures ne l'y contraignent pas. Le système a saturé toutl'espace disponible et est à l'origine de tensions de plus en plus fortes. Pour les masquer, ceux qui nous gouvernent pratiquent la politique de l'oxymore. Forgés artificiellement pour paralyser les oppositions potentielles, les oxymores font fusionner deux réalités contradictoires : «développement durable», «agriculture raisonnée», «marché civilisationnel», «flexisécurité», «moralisation du capitalisme», «mal propre», etc. Ils favorisent la destruction des esprits, deviennent des facteurs de pathologie et des outils de mensonge. Plus l'on produit d'oxymores et plus les gens sont désorientés et inaptes à penser. Utilisés à doses massives, ils rendent fou.Ainsi, si le pouvoir de Sarkozy fait rupture, c'est par la production et l'usage cynique, sans précédent dans la démocratie française, d'oxymores à grande échelle."
C'est bizarre d'ailleurs de la part de Méheust, ufologue, sociologue de la métapsychique... on ne peut vraiment pas les soupçonner de collusion conspirationnistes, ceux-là...
Et comme je voyais l'insoutenable dans le film non vu de la semaine dernière, je vois une grosse convergence de vues entre ces deux ouvrages non lus, même s'ils ne semblent pas traiter des mêmes thêmes, destruction des ressources pour l'un et du sens pour l'autre, et pour ce que j'en comprends de ma fenêtre avec les présupposés qui sont les leurs, je penche qu'il serait avisé d'investir dans les couches senior (Pampers à fronces protectrices taille 44, car je ne rentre plus dans les 38 depuis bien longtemps) dont le cours va remonter en flèche.
J'en suis venu à cette revue de stress parce que mon attention avait été attirée par deux articles bien chauds sur les tendances aux USA, parce qu'une bande d'experts mystérieux prévoit que les américains, très inquiets de troubles sociaux nés de la paupérisation et de la multiplication du nombre d'armes en vente libre, se mettent à acheter des armes pour se protéger en cas de troubles sociaux nés de la paupérisation et de la multiplication du nombre d'armes en vente libre.
et le site des Grands Anciens, dont une connaissance me dit "Je suis leur site pratiquement depuis le début (en 2006). Ils annoncent pour leurs prévisions économiques 80 à 87% d'exactitude (c'est moins bon pour les prévisions politiques). J'ai pu vérifier qu'effectivement, ils ont bien prévu la crise financière actuelle, assez précisément. Il faut reconnaître cependant que ce qui se passe actuellement dans le monde de la finance est assez prévisible : quand on pense que l'encours des produits dérivés dépasse 600.000 milliards de dollars, soit 14 fois le PIB de tous les pays de la planète, il y a de quoi s'inquiéter !
...et le blog de Loïc Abadie est assez raccord avec tout ce petit monde.
Ou alors on se dit que le catastrophisme (éclairé ou non) est une forme moderne et funeste de pornographie, et on cherche l'espoir parmi les détritus.
J'ai un copain qui fait ça bien, quand il se ballade en Afrique.

18 janvier 2015 : 
Aux dernières nouvelles, la planète persiste à avoir atteint ses limites.
Ca va être à nous de jouer.

samedi 31 janvier 2015

Jean-Marie Le Pen : «Je suis Charlie Martel»

source : libération du 16 janvier 2015

Le Pen revendique sa déclaration «Je suis Charlie Martel».
Assurant que la France compterait entre «15 et 20 millions de musulmans», il reprend son vieux refrain sur l’immigration «que tous les gouvernements successifs ont autorisée et même encouragée».
Il estime que le Front national aurait dû être au premier rang de la marche républicaine, «étant le seul parti à avoir alerté l’opinion sur les dangers de l’immigration et de l’islamisme radical».









Peut-être qu'il s'est trompé ?
Qu'il voulait dire "Je suis Charlie Mensuel" au lieu de "Charlie Martel" ?

En ce cas, il n'est pas rancunier :
Charlie Mensuel n'avait guère hésité, en son temps, à le brocarder en le représentant borgne des deux yeux (et en triple exemplaire, en plus.)










Sinon, c'est pas grave, "Je suis Charlie Martel" aurait pu passer telle quelle dans l'Hebdo, toujours en quête de nouveaux talents du rire, surtout après la défection tragique de l'équipe éditoriale.











vendredi 30 janvier 2015

Arrogance & humiliation, le retour

Réflexions nées de la méditation de l’éditorial de Philippe Val, Loué soit son Saint Nom !

Je crois que je viens de piger quelque chose.
Ne riez pas.
Je vous dirai.
Bon, les Arabes, on dirait qu’ils ont un peu la modernité coincée en travers de la gorge.
Et ça ne date pas de cette triste affaire de caricatures.
La modernité, comment s’en accommoderaient-ils ?
Il faudrait rénover l’islam, mis à l’épreuve des réalités du monde contemporain qu'on a au jour d'aujourd'hui.
Je veux dire, mettez-vous à leur place : ça doit pas être évident de concilier les deux.
Takavouar ici et .
Clique, mon ami, clique ! Tu sais pas qui te cliquera !
Et pendant que leurs certitudes s’écroulent, nous on fait rien qu’à ricaner bêtement. 
Ca les énerve d’autant plus. 
La provocation obtient rarement le résultat escompté.
Sauf si le résultat escompté, c’est l'exaspération du camp adverse, jusqu'à sa réaction violente, donc peu humaine, car chaque humain sait bien au fond de lui-même que la violence est une réaction obsolète, un acte de désespoir.
En déclenchant cette réaction disproportionnée, on prouve ainsi à peu de frais le manque d'humanité de l'Adversaire.
Ca en a refroidi plus d'un par chez nous la semaine dernière. 

Ca me rappelle un oncle, un des trois frères de mon père, toujours à faire chier ses frangins.
Même goût pour la provocation, même arrogance de l’humilié…
Ah ça, on peut dire qu'il les a bien énervés, ses Arabes.
(=> ses frères Dalton)
(ah oui, avec la pensée analogique, faut s'accrocher, t’as qu’à prendre des notes…)



Les frères Dalton quand ils étaient petits...
On note à l'arrière plan la présence de Ma Dalton.
Le Prophète doit être occupé à prendre la photo.

Jusqu'où pousser mon parallèle ?
Pas très loin :  
Si l’agressivité de ses frères a isolé mon oncle et l'a marginalisé au sein de sa propre famille humaine, d'abord ils n'ont même pas de pétrole, et puis ils n'iraient pas jusqu'à zigouiller leur frangin, ils se contentent d'être fâchés à mort.
C’est l’avantage du Symbolique sur le Réel, qui permet d’économiser de précieuses vies humaines.
Y z’ont pas encore compris ça, les Arabes.
(Les vrais, pas les frères Daltoniens, ceux qui voient rouge quand on leur agite un chiffon caricatural sous le nez)
Faudrait leur écrire « Le Coran pour les nuls », pour leur permettre d'entrer dans le Royaume de la Pensée Symbolique.
(La semaine dernière, j’avais en projet d’écrire "Le Coran pour les cons », mais la fraction bête, méchante et lourdement armée de Charlie me dit que ça existe déjà, et que ça s’appelle « Le Coran »)
Bref.
Je m’égare.
D’ailleurs, c’est plutôt eux (Jack, William et Averell Dalton, pour ne pas les nommer) qui sont fâchés avec Joe, qui à l'approche de la mort aimerait bien renouer le lien, mais ça ne va pas se faire, et malgré mes velléités passées de faire entendre raison aux uns et aux autres, l’expérience m’a prouvé qu’on ne pouvait être médiateur familial dans sa propre famille.
Alors je laisse pisser, mon oncle Joe comme les Arabes, et en même temps, je me rappelle ce vieux proverbe arabe, justement : « il vaut mieux que le chameau soit dans la tente et pisse dehors plutôt que l’inverse » 
Il ne me reste plus qu'à espérer l'intervention d'une puissance supérieure, genre Batman, bien connu pour son habilité en négociations d'usage sans faire usage d'armes à feu, mais s’Il existe, il n’est pas souvent au bureau.

jeudi 29 janvier 2015

J'étais Oncle Bernard, par feu Bernard Maris

Dernier éditorial pré-mortem de Bernard Maris, dans le Charlie Hebdo n°1177, vous savez, ce fanzine de lycéens qui ne tirait qu'à 60 000 exemplaires jusqu'Allah semaine dernière.


mercredi 28 janvier 2015

[Repost] Les frères Ben Qutuz à Frustration Land 2/2

2 octobre 2012

 Et voilà, le temps que je monte la version 7 du clip de Dédé et Mireille, on était déjà demain, et il est donc temps de retrouver nos héros d'hier.






mardi 27 janvier 2015

[Repost] Les frères Ben Qutuz à Frustration Land 1/2

1 octobre 2012

En rangeant mes vieux Metal Hurlant dans le garage dans le but de les vendre, je retrouve un numéro de Ferraille Illustré dans lequel a été publiée cette histoire d'Etienne Bravo qui me suggère d'une façon originale et cruelle tout ce qu'il y à savoir sur les émeutes dans les pays arabes que ne me disent pas les médias occidentaux.
Et en plus, y'a Batman.
A part ça, Emile Bravo a écrit une très belle aventure rétrofuturiste de Spirou, mais là on est plus proche de Yvan Brun ou de Rémi Dutreix.

Clique sur les images pour les voir en grand !







lundi 26 janvier 2015

La gauche radicale a eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie »

Pour Christophe Ramaux, la gauche radicale a eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie »

LE MONDE | 09.01.2015

C’était finalement un testament. Dans un article de l’ensemble de sa rédaction publié le 20 novembre 2013 (dans Le Monde), Charlie s’élevait contre le procès en islamophobie intenté depuis longtemps par certains, en particulier à la gauche de la gauche. Un islamophobe, et il y en a, est un raciste. Un bouffeur de religions, et Charlie en était, n’est pas raciste. Il maudit toutes les religions et c’est bien son droit. Cibler uniquement l’islam, c’est cibler derrière lui certaines populations, les Arabes au premier chef. La rédaction de Charlie avait raison : en les accusant d’islamophobie, c’est un procès en racisme que d’aucuns s’autorisaient à son encontre. Une salissure ignoble pour ces dessinateurs et écrivains qui ont toujours eu l’antiracisme chevillé à la plume.
Comment en est-on arrivé là ? Comment expliquer que des dirigeants d’Attac, du NPA, des journalistes de Politis et d’autres – les uns et autres ont organisé avec les Indigènes de la République et Mediapart une Journée contre l’islamophobie le 13 décembre 2014 – aient pu alimenter cette infamie ? Comment expliquer que certains animateurs des Economistes atterrés aient rejeté la collaboration de Charb au prétexte qu’il était islamophobe ? Les Economistes atterrés – dont le spectre va bien au-delà de la gauche radicale – ont heureusement remis les pendules à l’heure et rendu ainsi hommage à Bernard Maris, leur oncle à tous. Leur collectif d’animation a décidé, après débats et contre l’avis de certains irréductibles, de publier un communiqué où il est fait explicitement mention de la laïcité.
Attac a décidé l’inverse. Son communiqué se refuse sciemment à mentionner la laïcité. On en est là : certains ont commis un précédent en accusant Charlie d’islamophobie. Après le massacre de la rédaction, ce précédent de trop appelait un sursaut. Nombreux dans la gauche de la gauche en sont conscients. D’autres s’acharnent dans l’aveuglement, en refusant de nommer la laïcité, ce pourquoi ceux de Charlie sont tombés. Ils proclament qu’ils sont « tous Charlie ». Au ciel, les principaux intéressés, fidèles à eux-mêmes, doivent en rire, mais en jaune amer. Comment expliquer cette dérive ?

Les musulmans peuvent-ils être réactionnaires ?

La réponse est dans le testament de Charlie. Sa rédaction s’interrogeait : au nom de quoi « la religion musulmane […] devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ? » C’est bien là le cœur du problème. Sans craindre le racisme pervers qui se niche ici, certains ne conçoivent pas que des musulmans, des immigrés ou enfants d’immigrés puissent être totalement réactionnaires, et même fascistes, au même titre que certains catholiques, protestants, juifs ou agnostiques. Plus de mille départs en Syrie, cela devrait alerter ceux qui n’ont pu envoyer que quelques dizaines de guérilleros en Amérique latine ou ailleurs.
Ceux-là continuent néanmoins à nier qu’une frange extrêmement minoritaire, mais signifiante, de la jeunesse trouve sa cause dans le fascisme djihadiste. Nommer la chose serait favoriser « l’islamophobie ». Comme si la masse des musulmans n’avait pas besoin d’être soutenue dans la lutte sans merci de « tous ensemble » contre le fascisme vert. Selon Edwy Plenel, grand contempteur de l’islamophobie, la question qu’il convient de poser est « pourquoi notre société produit-elle ces enfants-là » ? Juste question de prime abord. Oui le capitalisme néolibéral, l’austérité, engendre comme toujours, chômage, précarité et désespérance sociale. Mais cela ne suffit pas. La politique ne peut être rabattue sur l’économie et la sociologie. Elle a son autonomie, sa consistance propre. Les mêmes conditions sociales ne produisent pas les mêmes trajectoires. Les êtres humains ont d’abord une tête, vivent de représentation. Ils ont leur autonomie, leur responsabilité.
Dénier la responsabilité de ceux qui adhèrent à l’intégrisme radical, n’est-ce pas les nier un peu plus ? Et n’est-ce pas un narcissisme lui aussi pervers que de laisser entendre que « nous » sommes « aussi » responsables de cela ? La dite « société » n’est-elle qu’à accabler ? Aussi perfectible soit-elle, et elle l’est grandement, ne doit-elle pas aussi être défendue dans ses fondements mêmes – les valeurs républicaines dont la laïcité justement – face à ceux qui la violentent ? Au rassemblement de mercredi soir à Paris seuls « Charlie, Charlie » et « liberté d’expression » ont percé le silence de l’effroi. Quels seront les mots d’ordre des prochaines manifestations ? « Non à tous les fascismes dont celui des djihadistes » : c’est la seule trame susceptible de rendre véritablement hommage à la profondeur du combat de Charlie.
Contre le fascisme brun donc, mais aussi – et explicitement – contre le fascisme vert, car le déni de ce dernier nourri le premier. La gauche radicale reprendra-t-elle cette trame ? Espérons-le. Il y aura bien d’autres chantiers à défricher pour elle ensuite : celui du rapport à l’Etat, à la nation, à la démocratie y compris représentative, au pouvoir justement, à l’intérêt général, à la société même.
Il est minuit moins le quart pour la « génération » de mai 68. Charlie a été l’étendard le plus échevelé de cette génération. Qui l’eut cru ? Qui eut cru que ce soit par Charlie que cette « génération » fasse enfin le deuil de ses impasses ? Qui eut cru que Charlie soit élevé au rang de cause nationale, de deuil national, que résonnent par lui la rose et le réséda ? L’histoire prochaine de notre pays sera-t-elle aussi facétieuse que Charlie l’était ? Nous sommes peut-être « minoritaires » indiquait tragiquement le testament de Charlie. Pas sûr…

Christophe Ramaux, membre du collectif d’animation des Economistes atterrés, Université Paris-I