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mardi 28 novembre 2017

Les supermarchés de l'hypertélie (2)

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je n'ai pas inventé l'hypertélie dans un moment de délire hypomaniaque.
Nous avons vu dans l'épisode précédent que la Nature se prend parfois les pieds dans les lois qu'elle édicte, après tout elle aussi a droit à l'erreur, après quoi elle y est soumise jusqu'aux conséquences ultimes. Les mutations peu utiles eu égard à l'évolution et/ou la survie des espèces disparaissent et le jeu de la vie continue, l'important c'est de participer. L'homme ne fait que copier bêtement (il est issu de la Nature et ne saurait se soustraire à ses lois).
L'école de Palo Alto a modélisé cette tendance à résoudre un problème en appliquant "plus de la même chose" dans le cadre théorique de l'analyse des systèmes, et dans le cadre pratique de la psychothérapie. 
J'ai relu récemment "Changements", étudié en fac de Psycho avant Jésus-Christ, et pour ce que j'en avais retiré à l'époque il eut mieux valu que je joue à la belote, mais c'est assez savoureux en matières de paradoxe et d'analyse des phénomènes de résistance au changement.
Savoureux mais douloureux, parce que 50 ans après la publication de ces travaux, qu'en reste-t-il ? Des thérapeutes appliquent sans doute encore quelques recette astucieuses dans le silence wouaté de leurs cabinet.
Partout ailleurs, l'hypertélie continue sa sinistre besogne, transformant le jardin de roses en vallée des larmes tant qu'on n'a pas appris à faire autrement.
- chez mon voisin, qui a coupé la cime des arbres dans le petit bois derrière chez nous parce qu'ils faisaient de l'ombre à ses panneaux solaires. 
L'écologie sans compromis, sauf avec les industriels qui lui ont promis un retour sur investissement. Plusieurs fois par semaine, la pulpeuse Samira, ma partenaire ErDF à l'accent marocain, me propose encore une juteuse collaboration, malgré ma désinscription du fichier des emmerdés téléphoniques.


- chez nos amis les développeurs informatiques :
la célèbre extension de navigateur web Adblock Plus censée débarrasser les sites des publicités intrusives est non seulement torpillée par des hackers de plus en plus nombreux vu le nombre croissant de pop-us qui passent à travers, mais comme Safari (navigateur Apple) a développé son propre anti-pub, celui-ci se met à poser des questions dont je ne comprends même plus le sens tellement elles sont méta-.
Et je vous épargne la résolution d'un problème d’affichage lié à la carte NVIDIA GeForce GTX 660M 512 Mo embarquée dans mon iMac (27 pouces, fin 2012) avec MacOS High Sierra 10.13, dont je me contrefoutais à raison mais sans ostentation, jusqu’à ce qu’à l’impossibilité de sa mise à jour me ralentisse dans mes travaux de post-production dans le saloon d’hiver où j’ai installé ma station de travail (mon bureau était empli d’ondes maléfiques transmises par Ethernet en CPL, le courant porteur en ligne, dont les dangers ont été intelligemment rendus inintelligibles par les conspirationnistes anti-Linky, le compteur intelligent d’ErDF) et me contraigne à parcourir frénétiquement des forums hyper-secrets jusqu'à ce qu'un pakistanais hilare me fournisse la solution, au prix de bidouillages dans quelques lignes de code.





- et même chez Warsen quand il remet du charbon dans le gazogène à essence de son blog auto-addictif, manège en chantier qui se remet à tourner, de plus en plus vite, jusqu'à ce que la force centrifuge l'en éjecte une fois de plus alors que pour une fois, il trouvait ça drôle.




Ursula
- Tu dis que tu es maniaco-dépressif ? Ce n'est possible que de nos jours où c'est une soi-disant maladie à la mode. Dépressif ? Ben, quand on voit le sort des humains et autres sur cette planète il n'y a pas de quoi rigoler; alors où est le "problème"? Ben c'est juste l'idée que les choses devraient être autrement, une idée abstraite et globale. Un exemple : il y a une canette de bière par terre, et on se dit que vraiment il faudrait faire quelque chose contre toute cette pollution que nous générons, alors on va se sentir plutôt mal. Mais si on se dit "tiens, une canette, hop au recyclage", on ne se sent pas mal en la jetant dans la poubelle adéquate. 
Ah la la, je me sens bête de te dire des choses pareilles, je suis sûre que ta femme fait moins de blabla et plus de démo :-)))))

- De nombreux problèmes disparaissent à l'extinction de ceux qui prétendaient les percevoir.
Laisse ma femme en dehors de tout ça.

jeudi 23 novembre 2017

Les supermarchés de l'hypertélie

Lors de mon récent séjour énergivore à Orléans, puisque j'ai fait 700 kilomètres en voiture pour jouer le bouche-trou de fin de semaine dans le planning montage d'une station de télé régionale qui préfère embaucher des CDD à tire-larigot plutôt que de renouveler les postes des partants en retraite pour de sombres questions d'équilibre budgétaire devant la cour des comptes de l'audiovisuel public, deux choses m'ont frappé par leur imbécillité, imbécillité que je suspecte d'être tout à fait délibérée, et pour tout dire révélatrice d'un complot international visant à accélérer le dézingage en rêgle de tout ce qui pourrait être sauvé (la planète d'abord, et l'avenir de nos enfants ensuite).


1/ Tout d'abord, Leclerc, qui propose de recycler les prospectus dont il bourre nos boites aux lettres pour financer la recherche sur Alzheimer.
A noble cause, moyens habiles. 
J'avoue qu'en voyant l'affichette apposée sur la vitre de la porte à tambour du centre commercial, j'ai pouffé tant ça m'a paru grotesque.
Rappelons que ces prospectus publicitaires sont conçus par des agences de com', imprimés par des imprimeurs, distribués par des retraités aux pensions modestes qui se contrefoutent de l'autocollant "Stop Pub" cloué sur nos boites aux lettres, triés par nous dans des sacs jaunes et rapportés à la déchetterie, d'où ils repartent dans des filières de recyclage qui leur permettront de connaitre une seconde vie, souvent identique à la première.
Quand j'ai l'impression d'avoir un karma un peu difficile, je songe à celui des prospectus Leclerc.
Certes, ils font travailler beaucoup de monde, c'est important l'emploi, alors que leur teneur en nutriments informationnels est souvent médiocre, sauf à être un aficionado de la côte de veau aux morilles et de guetter avidement le passage du retraité distributeur de prospectus (prospectogène ?), promesse de promotion sur ce produit dont nous sommes si friands.
D'ailleurs Leclerc avoue à demi-mot sa nocivité environnementale en baptisant l'opération "prospectus utiles", oxymore qui sous-entend bien que dans la plupart des cas, ils sont loin de l'être. 
Cher Michel-Edouard, si tu me lis, ne crois tu pas qu'il serait peut-être plus simple de cesser de les produire et d'emmerder le monde avec les nuisances qu'ils génèrent, plutôt que de te la péter avec des opérations de com' en instrumentalisant des maladies qui ne font rire personne ? Tu filerais directement quelques milliers d'euros à la recherche sur Alzheimer, et le tonnage d'ordures à recycler baisserait un petit peu, ça serait double bénéfice pour la société humaine dans sa globalité. 
Seulement, voilà, ce volume de déchets est désormais un flux de matières entrantes pour l'industrie du recyclage qui vise à faire de nos déchets une ressource, et tout un petit peuple entrepreneurial compte dessus pour faire tourner sa boutique.


2/ Dans un canard local, je tombe sur une pleine page de pub sur le Gaz éolien, un concept pour le moins fumeux.
La campagne de promotion joue l’ambiguïté. 
Est-ce que ça fonctionne ? 
Est-ce que ça ne serait pas un peu énergivore, cette conversion d'une énergie en une autre à des fins de stockage ? 
Après tout, pourquoi pas, n'interdisons pas aux ingénieurs d'être ingénieux, on sait tous qu'on va se trouver grave dans la merde sur le plan énergétique d'ici pas longtemps; en tout cas, ça me trotte dans la tête, et en vrai journaliste d'investigation, de retour chez moi je me rue sur le dossier de presse :
"Les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ne produisent pas de l’énergie de manière constante, mais en fonction de facteurs naturels que sont le vent et le soleil. Dès lors, il faut pouvoir stocker les excédents pour les acheminer aux consommateurs quand la demande excède l’offre. C’est la solution développée par le Power to Gas, un procédé innovant actuellement en phase d’expérimentation, qui permet de transformer et de stocker sous forme de gaz dans les réseaux gaziers des volumes importants d’électricité d’origine renouvelable non utilisés." 
Ok. 
Donc pour l'instant, c'est de la SF, et il n'y a qu'à moi à qui ça fait un effet douteux, comme de voyager en Absurdie.
Ah tiens, non, je tombe sur un article de 2011 
qui n'a pas l'air trop fantaisiste, et qui dit pis que pendre de cette techno actuellement en phase d’expérimentation.

Ca fait quand même deux cas flagrants d'hypertélie humaine (de « huper » : excès, et « telos » : fin) 
C'est quoi ça l'hypertélie ?
→ Dans la nature, c'est le éveloppement exagéré de certains organes, rendant ceux-ci encombrants, voire franchement nuisibles (défenses de mammouth, bois de certains cervidés, mandibules de lucanes mâles). 
L'hypertélie est une forme malheureuse de surévolution : quand les corrections de la nature dépassent ses fins, ses remèdes sont pires que les maux qu'ils combattent, et certains organismes, surévolués, en deviennent incapables de survivre.
Cherchez pas le wiki, je viens de bricoler cette définition à partir de différentes sources hyper-secrêtes.



Y'a donc pas que la Nature qui se trompe parfois :

Leclerc et GrtGaz font de l'hypertélie pour faire tourner la machine industrielle à plein rendement, et qu'importe si au final les quantités d'énergie dépensées sont supérieures à la valeur produite.
Faut qu'ça tourne.



Il arrive que cette hypertélie produise des effets plus ou moins cocasses quand elle s'empare de la gestion des ressources humaines.

Mais franchement, au final, y'aura pas tellement de quoi rire.



Happy end alternative :
les prospectus Leclerc peuvent servir de protection
lors du nettoyage rituel des morilles.