lundi 21 janvier 2013

Ecrivain raté : plus qu'un métier, une passion

Finalement, écrivain raté, je vais laisser ça aux professionnels de la profession.
J'en reviens pas que  Môrice Dantec, après des débuts intéressants (Les racines du mal ne tenait pas ses promesses, proclamées dès la préface sous forme de bibliographie babylonienne, mais secouait quand même son lectorat), qui écrit depuis lors une bouillie infâme qu'on dirait sortie d'un process de méthanisation d'ordures ménagères, parvienne à faire autant de buzz sur son nom.
Trop de drogues, trop de folie, trop d'acharnement à aller fouailler du côté obscur, et à agiter rageusement son bâton merdeux dedans. 
N'est pas Ellroy qui veut.

Edit : en farfouillant un peu hier soir bien au chaud, au lit avec notre nouvel Ipad, je découvre l'étendue des capacités d'auto-destruction de Dantec, c'est dantesque
Il est certain que j'ai trouvé mon maître, et je jure que j'en prends de la graine, et que j'en laisse des feuilles.
Manquerait plus qu'à filmer sa vie, avec Gérard Depardiou dans le rôle, d'ailleurs il apparait, affreusement grimé, dans la bouse qu'a extrait Kassovitz de Babylon Babies... comme si le seul résident de la Villa Vortex, réputée inhabitable et illisible, pliait tous les rayons de lumière qui se penchent sur lui pour l'aider à en sortir !
Reste à comprendre comment il a fait pour soutirer autant de ronds à autant de maisons d'éditions différentes sans jamais pondre LE roman techno-thriller qui lui a été payé plusieurs fois d'avance.
A relire ses avanies dans les deux articles sus-cités, je ne peux que pencher pour l'hypothèse bien conne U du petit Méphisto qui vend son âme au Diable pour la Beauté d'écrire deux premiers romans qui arrachaient bien dans le Landerneau du polar français, puis de passer le reste de sa vie à payer l'addiction...
La force du Dark, quand même...

dimanche 20 janvier 2013

Vieillir

On en a tous soupé de la fin du monde, sauf moi.
J'ai eu 50 ans.
Je ne me suis pas vu vieillir, mais quand je regarde la photo, je ne peux que constater l'accumulation des rides, et pas forcément celles de la rigolade.
50 ans, pour un nombrillidé comme moi, c'est un peu la fin du monde. D'autant plus que je n'ai même pas réussi à concrétiser mes rêves les plus secrets, et qu'il devient malaisé de me faire accroire que j'en ai 30 de moins, car des rêves de cette ampleur, c'est à 20 ans qu'il faut les planifier puis mettre patiemment en oeuvre les moyens habiles qui amèneront à leur satisfaction : devenir un écrivain raté, coucher avec une femme noire.

Je pense même que dans cette vie-là, c'est un peu baisé, bien que je continue à me dire que n'est pas pauvre qui désire beaucoup.
Tout a une fin, même ce qui n'a pas toujours eu de début discernable à l'oeil nu.
Pourquoi l'écrivain raté ?
Ecrivain parce qu'en créant des mondes, on jouit de l'illusion d'échapper à la condition de mortel.
Raté parce que ça ne peut que foirer, et pas que vers la fin, quand plus personne ne vous lit.
Et pourquoi vouloir cesser d'être mortel ? Heureusement qu'on meurt, putain de moine, et qu'une fois le vase brisé, tout l'air contenu dedans regagne l'atmosphère.
Enfin je peux toujours essayer me refaire ici, mais je n'ai plus guère le temps d'entrer en littérature autrement qu'en attentif lecteur.
La lecture, cette geekerie préhistorique, c'est a dire datant d'avant la télé et l'ordinateur.
D'ailleurs, pourquoi jalouserais-je cette aptitude à créer des mondes par la plume ?
Au moins, j'ai cessé de vivre dans un roman de Houellebecq, c'est déjà pas mal.

Pour ce qui est des femmes noires, je peux me l'accrocher.
Ou plutôt la laisser partir, en lui souhaitant bon voyage.
Et alors ?
Dans les faits, vu les démons auxquels je me suis frotté, je crois que je ne mesure pas la chance que j'ai eue, et que je continue d'avoir dans mon parcours de vie. Merci qui ? Si je fais encore de l'oeil à certains précipices thiéfainesques et simule le vertige au bord du trou fumant, il s'agit plus des vestiges d'une complicité contrainte du fait des années de captivité en leur compagnie que d'une réelle sympathy for the debvils, et il s'en faut pour l'heure que je trébuchasse devant et choyiasse dedans.
Nonobstant, j'ai eu droit fin décembre à un clin d'oeil du destin. Papa nous envoie alors un message enthousiaste : sa nouvelle amie, soi-disant rencontrée après la mort de maman, vient d'être grand-mère. 
Il nous communique même son numéro pour qu'on lui envoie des SMS de félicitations. Ca me surprend, mais pas tant que ça. 
Cette femme que nous n'avons rencontrée qu'une fois et qui garde une distance prudente avec la famille, que papa ne nous présente d'ailleurs que très parcimonieusement, au demeurant charmante & classieuse au point qu'on peut se demander ce qu'elle lui trouve, s'attendrait à ce que nous la congratulassions comme si nous étions de vagues neveux ou beaux-fils d'occasion ? Papa a dû paumer un joint d'étanchéité émotionnelle, il a souvent connu des bouffées de positivisme délirant, rarement  suivies d'effets.
Renseignements pris, le fils de la dame en question a 40 ans, vit en Afrique, et vient bien d'avoir un enfant avec une blackette de 20 ans, et la grand-mère trouve ça moyen-moyen au niveau de la différence d'âge, oui
J'ignore ce qu'elle pense de la couleur. Les métis sont vraiment des enfants de l'amour : selon la société dans laquelle ils vivent, leurs parents prennent quand même le risque que leur enfant soit ostracisé des deux côtés : trop blanc pour les noirs, trop noir pour les blancs.

Aaah moi aussi quand j'avais 40 ans je suis été en Afrique et j'ai pété les plombs pour une jeune femme de couleur, et je lui aurais bien fait un enfant aussi si je n'avais été retenu par les liens du mariage et un certain réalisme, qui consistait essentiellement à me rendre compte que cette histoire de nouveau départ c'était juste une projection de ma part, simplement parce que je n'étais qu'un champignon de Paris qui avait pris un coup de soleil sur la cafetière, plus habitué à errer dans les caves du Destin en s'interrogeant sur l'embranchement à prendre qu'à faire le kéké en motard ravageur de l'Afrique subaustrale, circonstances assez radicales sur les joints d'étanchéité du carburateur émotionnel, et pas insensible aux charmes déployés par ces indigènes d'un naturel débonnaire, rieuses et manifestement moins inhibées que moi, avec qui le changement ça serait maintenant.

Et je ne peux même pas féliciter ce demi-frère d'occasion (le fils de l'amie de mon père) que je me suis vu octroyer par indiscrétion paternelle, d'avoir su aller au bout de son idée et de son engagement : se tremper la quéquette néocoloniale est une chose, fonder une famille à partir d'un couple mixte en est une autre.
A l'époque, je suis rentré d'Afrique avec tout dans la tête et rien dans les mains, me sentant coupable au-delà du dicible, n'ayant péché qu'en pensée mais c'était déjà trop : me constituant prisonnier d'un crime non encore commis, je n'ai réussi qu'à me faire interdire de nouveaux voyages en solitaire. 
Rions.

D'autant plus que selon notre envoyé spécial en Guinée, "L’économie libidinale n’est à Conakry qu’un lien social dégénéré bien que délibéré ; une sorte d’avatar hypocrite de la relation drague homme / femme en Afrique de l’ouest. S’il paraît si normal aux fifilles, (aux poupées à longues jambes et entrejambes prometteurs) de recevoir - comme un dû -, tant de présents, c’est que quelques imbéciles, qui s’étaient fait des sous de manière indécente aux bons temps de la dictature du Général Conté, avaient inondés ces demoiselles de téléphones portables, de minijupes, sous-vêtements et talons hauts, ainsi que des parfums de marque, quand , pour les plus belles, ce n’était pas des Rav4 Toyota, (très utiles pour se faire sucer par les plus prometteuses d’entre elles.) Ces pratiques, (couplées à des rituels de griots vieux de plusieurs siècles) se sont finalement vite propagées à Conakry et sont passées pour ainsi dire, dans le mode relationnel des relations de drague si ce n’est de couple.
Ce qui gênerait en occident, - tant il paraît évident que les rapports d’argent pour s’attirer les faveurs d’une femme dont on cherche la vertu d’une relation suivie, est vulgaire -, va ici quasiment de soi !
C’est une culture vraiment différente et prompte à se propager par la survie imposée en pays pauvre. Le premier des métiers c’est…
Comme tu en fais si bien la remarque, il semble que dans la dépendance il n’y ait pas de rencontre de «l’autre », rien qu’un rapport égoïste à Soi en instrumentalisant le « baisé » qui devient littéralement un
objet sexuel et rien de plus…mais oh ! c’est terrible ! Quel vide ! La dépendante est soumise aux même tracas que le dépendant mâle semble-t-il : leur séduction est le produit infantile d’émotions perpétuelles, tout est sexualisé, n’importe quel homme rencontré devient une proie potentielle avec envie « de se le faire » ; et cette séduction dont les règles sont imposées aux autres n’est que la somme de nœuds émotionnels de l’enfance jamais résolus. Il s’agit là de fuir la réalité, toujours la fuite comme point central des dépendances."

Et puis, la Beauté ne se mange pas en salade, à moins d'être un loup, un prédateur.
Et moué, je serais plutôt né l'année du Mouton de Métal (hurlant).
Bêêêêê.



Depuis quelques mois, souterrainement hanté à l'approche de mon demi-siècle qui allait enfin sonner le glas de l'adolescence et me contraindre à solder mon déficit d'aventures pour ne pas sombrer plus avant dans l'indignité morale, je me suis aperçu que je mimais une forme subtile de décrépitude intellectuelle, comme pour m'y préparer, encore de l'anhédonisme là dessous si vous voulez mon avis.
Je tentais d'anticiper l'inéluctable, ce dont il n'a franchement nul besoin, en tout cas pas comme ça, pas celui-là.
Là encore je n'ai réussi qu'à inquiéter mes proches, qui ont cru que je virais neu-neu.
Pas question de leur avouer que c'était à moitié expérimental, et complètement à côté.
J'ai jusqu'à présent été bien plus apte à me projeter dans le passé que dans l'avenir.
Depuis mes 18 ans et l'écoute trop attentive pour ne pas être désastreuse de la chanson "les Vieux" de Brel, je souffre de crainte 
1/ raisonnée : le temps finira par me transformer en viande froide, et là plus question de regretter ma jeunesse, donc j'avais bien raison de le faire de mon vivant, comme j'ai pu le comprendre en me gargarisant des plus affreuses chansons de Gérard Manset, mais nul réconfort n'est à attendre de cette compréhension qui m'a pris un peu jeune
2/ irraisonnée : y'a une fichue pyramide de névroses et de dépressions familiales avec son bout pointu s'enfonçant plus hardiment dans mes dorsales avec les années,  malgré des traitements divers et variés
et il me reste de moins en moins de temps et d'énergie pour y faire face.

Comme d'habitude dans ces cas-là, j'en conclus qu'il ne me reste plus qu'à chercher refuge sous les ailes poilues des archanges laïcs de la méditation Vipassana en gratouillant des accords toltèques sur ma guitare monocorde, pour évacuer ce radotage que je pensais avoir déjà laissé derrière moi.
Mais ne serait-ce là qu'un fantasme de plus que je caresse ?
La peur n'empêche pas le danger.
Bonne année à tous et à toutes.


Edit : suite à la parution synchrone de l'article "Rajeunir", je me vois contraint de retitrer cet article.
c'est un sale boulot, mais il fallait que quelkon le fisse.

samedi 22 décembre 2012

Conte de Noël

J'ai lu un article assez décoiffant dans Courrier International sur José Mujica, président "normal" de l'Uruguay : une personne qui accepte d'exercer la fonction présidentielle tout en refusant les protocoles, les coutumes, le décorum liés au chef de l'Etat.
Dans son portrait, il y a manifestement des menteries de journalistes, mais aussi des saillies drôlatiques,  un parcours incroyable, une réflexion qu'on aimerait voir chez les autres dirigeants de la planète. 
Je dis ça bien qu'il ne faille pas être sorti de Saint-Cyr - du - Conspirationnisme pour comprendre que le Monde est aux mains de la Phynance qui est bien partie pour détruire l'économie réelle, à en faire pâlir Bernard Lavilliers, mais je parle de nos dirigeants élus.


c'est page 42 à 47.
La capitale de l'Uruguay, c'est Montevideo.
Comme j'ai passé ma vie à monter des vidéos, je me demande si c'est un signe pour que je me délocalise là-bas, en tout cas c'est certain que de parcourir l'interview du bonhomme, ça donne envie d'aller casser une petite croûte avec lui.

vendredi 21 décembre 2012

Le flasque et l'enclume

Cet après midi, j'ai désincarcéré une bonne cinquantaine de cassettes VHS du tiroir bas de l'armoire du salon, pour y ranger mes DVD.
J'en ai inhumé la plupart dans des sacs plastiques glissés ensuite dans la poubelle "tout-venant" que Veolia ou Suez ou un de leurs concurrents sur le marché du ramassage des ordures ménagères dans des communautés de communes où l'étalement urbain coûte des sommes exorbitantes à la collectivité emportera jeudi matin sans se douter de rien, car j'aurai tapissé l'orifice du conteneur avec des sacs d'ordures normaux.
J'ai glissé les survivantes dans l'armoire du garage, avec leurs copines tremblotantes dans ce couloir de la mort, que la collection de Métal Hurlant sur l'étagère adjacente ne réconforte guère, et qui n'attendent qu'un nouveau besoin de gain de place pour rejoindre le container, mais je ne suis pas encore décidé à lâcher prise.
Les VHS, de toute façon c'est pas recyclable.
Pas de blagues improbables sur le génocide silencieux de ces milliers de petits boitiers noirs depuis que leur agonie est programmée, avènement du DVD, bientôt supplanté par le BluRay... une autre fois, merci. Des vidéothèques entières, méticuleusement archivées, des tonnes de films parfois même pas regardés, juste parce que l'avidité a coïncidé avec une promotion sur des cassettes vierges et des ambitions cinéphiles, allez hop, le Fahrenheit 451 des familles, l'odeur âcre des charniers de l'oxyde de fer tous les dimanches après-midis dans les sous-bois des zones péri-urbaines...
Je me souviens avoir vu mon père se débarasser d'une quantité assez importante de gravats issus d'un chantier de rénovation sur la terrasse de l'appartement à Montpellier, patiemment, un sac par semaine tout au fond du bac des ordures ménagères. Ni vu ni connu j't'embrouille. Une perversité amusante pour un homme de cet âge, et pour tout dire anodine, aux conséquences négligeables sur le plan collectif, sauf si tout le monde s'y met : la collectivité est alors dans l'impasse, l'impasse où le camion poubelle ne peut plus passer, justement, passque y peut pas faire marche arrière.
Allez, tant qu'à balancer, et comme c'est le jour des Mayas, J'avoue que j'ai aussi fait partie des gens qui pensaient mettre de l'agrément dans leur vie en appuyant sur la touche "random" de leur lecteur CD.

jeudi 13 décembre 2012

Notre-Dame des Glandus

Vu ce matin près de la cathédrale :

Si même les torche-culs du faits divers crapoteux s'y mettent, l'arrêt des travaux du futur aéroport semble vraiment une cause perdue...

dimanche 18 novembre 2012

Lynchez-moi 2

Comme on pouvait s'y attendre en écoutant leurs disques, Godspeed You ! Black Emperor joue sur scène une musique tragique et peu amène, des petites symphonies du désastre, qu'ils appellent peut-être de leurs voeux, sans pathos mais sans joie.
Ils sont une neuvaine, disposés en un cercle assez large vers l'intérieur duquel ils se regardent, qui assis, qui debout, concentrés sur cette musique techniquement complexe mais émotionnellement limpide, ce qui ne signifie pas lumineuse, qu'ils jouent ensemble et qu'ils ont choisi de nous partager ce soir.
Et moi je les regarde se regarder, en me demandant ce que je suis venu chercher ici que je n'avais pas chez moi.
Il y a une communion, évidemment, et puis ils projettent des vidéos abstraites et cruelles sur le fond de scène.
Est-ce que j'ai envie de communier avec eux ?
Suis-je d'un anhédonisme pervers ?
Me suis-je fait enfler par mes préférences pas du tout inconscientes vers ce qui sombre, ce qui suinte, qui décline ?
Sur un site sur lequel ils ont choisi de partager des enregistrements de concert, un auditeur parle d'état "mystique" en écoutant leur musique et leur en attribue l'intention. 
De quoi ça parle ? On ne sait pas, ils restent sans voix, à part un bref "Fuck l'aéroport" braillé par le batteur entre deux morceaux, qui veut s'indigner contre le génocide silencieux des opposants au mégaloaéroport rêvé par Ayrault,  Notre Dame des Landes.
Bien que leurs morceaux les plus courts fassent bien 15 minutes, ces drames musicaux instantanés n'aont besoin d'aucune justification.
Tout le monde comprend en entendant ça qu'il s'agit d'évoquer le fait que la gravité fait tomber la tartine du côté de la confiture, en tous temps et en tous lieux.
Ce ne sont pas de grands mélodistes, mais dans le genre minant/lancinant, c'est efficace : le tragique s’accommode bien du manque de fioritures, je les inviterais bien à jouer aux enterrements  familiaux, la souffrance et sa sublimation par l'art vont ici de soi.
Leur merchandisation subséquente par le capitalisme tardif aux abois est réduite au strict minimum : pas de leader, pas de discours, refus de toute mise en valeur personnelle, pas de salut en fin de concert, aucun nom sur les pochettes, on est un collectif. Tout est sur le wiki.
En rentrant chez moi chaleureusement raccompagné par un ami inattendu, vu que j'ai laissé ma voiture au terminal de bus pour me la jouer éco-citoyen et que l'étau musical ne se desserre qu'après 1 heure de matin, je vois de la lumière dans la maison, tiens c'est étrange, je suis seul à la maison cette semaine et je suis parti en éteignant tout.
Ca peut vouloir dire cambrioleur. Flûte. Je mets la clef dans la serrure, et m'apprête à la rixe, s'il le faut. Ouvrant la porte, je vois la lumière qui s'échappe de sous la porte de mon bureau, puis la lumière s'éteint tandis qu'une main en sort à tâtons, tout à fait comme dans le cauchemar de l'autre jour.
Oh maman, comme dirait Janov, ce n'est plus de la délinquance néo-rurale, je bascule en un instant danse la terreur issue de l'irruption de l'onirisme dans la vie de veille, à la fin d'une soirée déjà trop arrosée de négativité musicale donc spirituelle.
Pas le temps de dire ouf ni de réprimer un braillement, que la main est suivie d'un individu que mon cerveau identifie assez rapidement comme correspondant au signalement de mon fils aîné la dernière fois que je l'ai vu, soit cinq jours plus tôt avant qu'il aille fort gentiment voir sa mémé à Albi.
Je lui explique en rigolant que j'ai flippé du fait de la coïncidence rêve/réel, il est presque deux heures du matin, je nous fais à manger et on s'endort devant une série télé vers 3h30.
Sacrée soirée.



Godspeed You! Black Emperor - East Hastings (Live) from postrockmusic on Vimeo.

un extrait de concert mal filmé, mais on voit bien l'ambiance...mortelle.

vendredi 2 novembre 2012

Lynchez-moi haut et court

    Ce soir je vais voir Godspeed You Black Emperor, il me faut trouver une tenue sépulcrale qui ne se résume pas à des draps déchirés et cendreux. 
Godspeed You, c'était une bonne claque de rock progresso-dépressif quand c'est sorti il y a 15 ans.
Ils n'étaient pas vraiment nihilistes, mais très remontés contre le samsara, et leur solution consistait à jouer des morceaux très longs et souvent douloureux et à donner des interviews sans illusion sur l'époque dans les Inrockuptibles, en torpillant toute image qu'on aurait pu fantasmer sur eux.
Je me demande, après avoir écouté leur dernier album, si ça va vraiment me plaire. Beaucoup d'énergie, mais pas mal de tristesse.
L'autre jour j'ai vanté le Kilimanjaro Darkjazz Orchestra, mais c'est leur autre formation, le Mount Fuji Doomjazz Corporation, leur soeur maudite et damnée, emmurée vivante dans les fondations d'un asile abject que j'aimerais voir en concert. Eux, c'est vraiment la bande son idéale d'un cauchemar lynchien que j'ai fait l'autre nuit, où l'esprit du mal s'était réfugié dans le salon d'hiver au rez-de-chaussée, me faisant croire qu'il n'était pas entré dans la maison, j'étais planqué dans la buanderie parce que je m'en doutais, immobile et silencieux, et effectivement quand il a cru que j'étais parti, il a rallumé la lumière et la porte s'est entrebaillée, et j'ai vu sa tête, et je fus saisi d'un effroi onirique lovecraftien en diable, devant ma seule survie à une fuite éperdue hors de ce rêve. 
Et depuis je réécoute le disque en repassant du linge au même endroit que dans le rêve, songeant qu'un jour mon prince des ténèbres viendra, qu'un jour il m'emportera.