lundi 30 juin 2014

La crème des teams, le tour des crews

Le meilleur tracker P2P francophone privé plie les gaules fin juin, victime d'obscures dénonciations. 
Adieu G*s, je vais enfin avoir du temps pour regarder tous les films et séries empruntés chez toi.
Mais des transfuges m'invitent sur un de ses successeurs, apparemment fréquenté par la crême des traducteurs, des développeurs, des encodeurs et des sous-titreurs, qui se proposent de mettre le meilleur des films indés à la disposition des happy few.
De ces demi-dieux qui décident si vos sous-titres seront incrustés ou non dans les séries que vous récupérerez sous le manteau, si elles seront visibles sur vos lecteurs de salon ou s'il faudra vous contenter de les visionner sur votre ordinateur parce qu'un Régis aura confondu le H264 avec le codec YUV Planar 4:2:0.
D'un côté je suis flatté : il m'a suffi d'échanger quelques viles boutades avec un ou deux membres, et me voilà enrôlé vers de nouvelles casernes tantriques où l'ombre des plaisirs  filmiques s'allongera toujours plus loin vers l'inconnu.
De l'autre, je sais que l'avidité à voir des films aussi bath qu'inédits n'a jamais été chez moi qu'un paravent à une forme malsaine d'avidité déplacée, puisque la réalité, la beauté et la vérité ne sont pas des trucs à télécharger alors que, bon sang de bois, y'a que ça de vrai.
Et qu'il y a longtemps que j'ai quitté l'illégalité joyeuse pour m'enfoncer dans l'empilement absurde.
Bon an mal an, j'arrive à regarder 5% de ce que je prends ici et là.
Au départ, avec le P2P, j'étais stupéfait de l'abondance de l'offre.
Trackers publics ou privés, tout ce qui a un jour été publié ou diffusé sur le mode payant était certain de se retrouver piraté, offert en partage, sur 5,10, bientôt 200 offres illégales, download pur, streaming, et j'en découvre chaque jour davantage sur la face cachée de l'iceberg.
Non seulement l'offre continue à être pléthorique, mais elle s'accroit de façon exponentielle en se diversifiant, et les bons endroits se traquent, s'échangent sous le manteau et se méritent, comme partout, en tout cas c'est ce qu'on prétend une fois qu'on y est rentrés.
LE PARTAGE ! L'ECHANGE ! c'est ce que me serinent les bandes de jeunes délinquants qui me haranguent sur les cyber-trottoirs pour que je fréquente leurs douteuses échoppes, fréquentation qui leur fournira la justification nécessaire à la poursuite de leurs activités. Il faudrait des batteries de sociologues pour déminer ces concepts emblématiques d'une jeunesse perdue dans les limbes de la transgression hadopiesque.
Après tout, j'ai moi-même vécu de belles années sous l'emprise du fantasme de partage total, à étaler des peintures rupestres sur les murs de ma caverne électronique.
Et j'ai toujours ce problème de vouloir remplir mes disques durs, ma télé et mon cerveau avec des  fichiers / films / pensées qui ne sont ni à moi ni de moi, bien que je sache par ailleurs que mon moi n'est qu'une fiction issue du cerveau d'un séminariste fatigué.
Bref, franchement, je ne sais pas ce que je fous sur cette nouvelle Mecque du cinéphile exigeant.
Même si je suis ravi d'y être.
Ca a beau être le Saint des Saints, la nouvelle Babylone où l'un des membres peut signaler à la cantonade la sortie d'une version HD du film SF de l'été avec Scarlett Johansen une semaine avant sa sortie en salles et un second lui refiler l'adresse pour trouver les sous-titres dans la foulée, ils m'ont tous l'air un peu obsédés à l'idée de produire du contenu avec leur nouveau joujou de forum au nom du fun et du partage; j'avoue que  je croyais m'y entendre, alors que souvent je ne comprends pas un traître mot des messages qu'ils échangent entre eux.
Normal : d'une part c'est une guilde hyper-spécialisée avec ses codes vestimentaires de tchatche et son vocabulaire fait d'impénétrables acronymes, d'autre part comme me le disait un pépé de 86 printemps croisé l'autre matin en faisant mon jogging, ici je suis subitement un vieux con.
On est toujours le vieux con de quelqu'un, et c'est l'occasion d'une salubre remise en forme question.
Autant je comprenais la franche camaraderie qui règne sur les forums de partage d'images et de vidéos pornos, autant ici, le dévouement au service de la cause du film qu'il est bon, qu'il est peu connu et encore moins diffusé, me stupéfie par son incongruité humaniste.
Est-ce qu'il n'y aurait pas un peu d'anhédonisme éclairé là-dessous ?
Si tu ne peux te soustraire à l'outil, deviens l'outil ?
Quand on travaille dans les nouvelles technologies d'un peu trop près, qu'on est professionnellement condamnés à s'emmurer vivants entre des falaises de code, n'est-on pas tenté, à un moment donné, de compenser cette existence virtuelle par la volonté d'y acquérir le prestigieux statut de fournisseur de contenus, comme un Netflix gratuit ?
Il n'y a qu'à voir ce que le créateur du nouveau forum hyper-secret a gravé au frontispice (dessus) :

** Qu'est-ce que c'est ?
-- C'est un forum, tout simplement. Au sens étymologique du terme, un forum est un lieu où l'on se rencontre et où l'on commerce. Historiquement, un forum se trouve au centre d'une cité, mais dans le néant virtuel nommé Internet, après l'effondrement des cités et des états (ou de ce qui est digne de s'appeler un Etat), ce mot a pris le sens de lieu où l'on partage "librement". ** est donc un lieu de partage, sans cité ni état d'où provienne ce qu'on partage et sans les contraintes habituelles qui régissent le partage, mais avec d'autres dispositifs de contraintes beaucoup plus insidieux et sadiques.
-- Qu'est-ce qu'on partage sur ** ?
-- Du vent. Des oeuvres de la culture numérisées réduites en un nombre minimal de bits faits pour être transférés d'un disque dur à l'autre à des cadences inhumaines. Certaines personnes souffrant de carences affectives liées à un déficit d'attention parentale ont développé un lien si fort avec certains de ces amas de donnés qu'ils ont décidé de créer un forum dédié à leur numérisation, à leur conservation et à leur partage, à ces amas-de-données-là et non à d'autres. Elles ont nommé l'objet de leur obsession morbide des films "indépendants" (suggérant qu'ils l'étaient eux-même, indépendants, les grands garçons). Ils les ont opposés aux films mainstreams. Bref ils ont créé le forum où tu es.
-- Pourquoi ce forum ?
-- Ce forum naît d'une observation: les films indépendants subissent mal la compétition avec les blockbusters. Les blockbusters sont nommés ainsi parce qu'ils sont largement diffusés, font beaucoup d'entrées, et par conséquent, sont les plus partagés et les plus seedés dans les endroits où on les télécharge. Ils ne le méritent pas. L*H, KIN*MA et d'autres sont les noms des groupes d'amateurs, aussi nommés des "teams", qui se sont consacrés à encoder ces films dans le but de les promouvoir. Au moment de la fermeture de g*s, en se rendant compte du constat sus mentionné, ces membres ont décidé de partager directement sur ce forum. De cette manière, ils espèrent s'améliorer mutuellement, être plus proches de ceux avec qui ils partagent, et éviter la débandade qui aurait lieu si ce forum n'existait pas.
-- Maintenant, j'ai un doute... Est-ce que vous êtes une secte ?

-- Non... en tout cas pas une secte millénariste. Nous ne proclamons pas la fin du monde pour une date donnée (même si certains films diffusés le font). Par contre nous révérons tous une idole, le x264, et nous vivons dans l'attente de jours meilleurs pour le monde du P2P francophone. Si nous étions une secte, nous serions donc beaucoup plus proches des juifs dans le désert plutôt qu'une des sectes orgiaques du New Age. Oui, je sais, désolé...
Enfin, ce forum n'a pas vocation à se faire connaître des importuns. Evite donc toute publicité dans des endroits inadéquats, par exemple, dans les toilettes de ton lycée ou sur le forum doctissimo. Pour autant, les amateurs de bons films sont les bienvenus. Si tu repères un spécimen, généralement reconnaissable à son allure globale décatie (même quand il est jeune) et à sa faculté d'analyser la réalité sur le mode cinématographique (même sans s'en rendre compte), libre à toi de l'inviter en utilisant l'onglet d'invitations, et ce après lui avoir soutiré une adresse mail valide (préférablement gmail) en lui promettant tout ce qu'il pourra trouver ici et/ou ici(et même un peu plus, car ils sont souvent naïfs). Attention, ils se laissent facilement approcher (ils aiment la flatterie et le goût du sucre) mais, étant lâches, ils fuiront dès qu'ils croiront qu'il y a une embrouille. Ne parle donc surtout pas du bunker souterrain, ni de la sélection des femelles.

On est bien en présence d'esprits forts, en tout cas rebelles et mutins, retranchés dans un fortin au large des côtes de la Barbarie. La cause est sans doute noble. Pourquoi est-ce que derrière cette pépinière de talents qui avancent masqués, je ne vois parfois que des individus instrumentalisés par des machines et des processus industriels en quête de destinées humaines à broyer ? Il y a 7 ans, dans une série d'articles un peu mieux inspirés que çui-çi  (Demons 1 à 12) je prophétisais qu'un jour j'en viendrais à incriminer la conspiration des tuyaux.
Je crois que j'y suis.
Aussi déglingué que Charlie à la fin de Des fleurs pour Algernon, sans faire usage de produit.
Maman serait fière de moi.
J'ai toujours bricolé mes blogs pour me faire mousser quand j'étais en déficit dans le réel.
Etant entendu que je n'y obtiendrai  jamais la reconnaissance dont je rêve, vu que je ne m'y prends pas du tout comme il faut, et qu'en plus si j'y réfléchis 30 secondes, ce n'est pas du tout mon but.
Ok.
C'est entendu.
Mais eux ?
La crème des teams, pour moi c'est le tour des crews : j'y suis scotché, alors que j'aimerais déjà dévisser.
D'où cette courageuse dénonciation anonymisée et relativement illisible, dans l'espoir sans doute déçu de me faire bannir.

Le cyberdep combattant l'hydre du P2P
(vue d'artiste)

mercredi 25 juin 2014

Indignez-moi !

J'ai voulu racheter des têtes de rasoir HQ8 (Philips) et Braun 5612.
Petite recherche sur Amazon : 
32,99  + 25,06 €, frais de port gratuit.
Je pose la question à mon petit revendeur qui a miraculeusement survécu à l'invasion des Leclerc Géants : 
64,00 + 55,00 €
"Ah quand même, la différence est de taille, lui fais-je remarquer. Savez-vous que c'est deux fois moins cher sur Amazon ?
- Ah ben ça m'étonne pas, me répond-il, ils n'ont ni magasin, ni vendeur, et ils ne les achètent pas à l'unité, eux".
Et puis il laisse la conversation s'éteindre, il pense que je vais quitter le magasin et commander sur Amazon, comme le font sans doute nombre de clients moins fortunés et moins élégants que moi, que je suis juste passé l'humilier au bureau.
- "Bon tant pis, je ne tiens pas à favoriser la disparition du commerce de proximité, je les commande chez vous, allons-y."
Il est un peu surpris, du coup il me fait un rabais sur la Braun 5612.
Je ressors de son échoppe en m'interrogeant sur la capacité du capitalisme à s'auto-niquer, et en m'étonnant que nous n'en soyons pas déjà tous morts.

Dans un univers parallèle en réalité augmentée, il existe une version un peu plus ambitieuse et moins naïve de cet article, qui explique que de tout temps, le grand capital a mis par terre le petit commerce, qui s'adapte et s'en remet, ou disparait au nom de la sélection naturelle, que tout ceci est très normal quoiqu'immoral, et que c'est au consommateur final, doué d'une conscience bien que situé tout en bas de la chaine alimentaire, de faire ses choix.

jeudi 19 juin 2014

Kestechian

C'est la seconde fois en quelques mois que je tombe sur un dépressif profond qui écoute religieusement Charles Aznavour en cachette. La coïncidence est frappante, car les deux victimes partagent d'autres points communs très particuliers :
-une dépression liée à la perte de la mère ou de son substitut symbolique.
-une identité psycho-morphologique troublante (forme du crâne, pli tombant des paupières supérieures, regard éteint, hébétude générale, atonie de la voix et fragilité émotionnelle).
L'écoute innocente des chansons du vieux chanteur d'avariétés est-elle l'origine ou la conséquence de l'effondrement psychologique ?
Rappelons qu'en français Aznavourian signifie Kestechian, et que si je ne lui ai jamais vraiment prété attention, c'est parce qu'il m'arrive de retélécharger en loucedé les vieux Gérard Manset qu'il avait lui-même envoyés au pilon, et on le comprend.
Mais que fait la police ?

lundi 16 juin 2014

Viens donc au epuB boire un p'tit coup et lire un book, hein ?

Il y a 8 jours encore, je ne jurais que par le livre papier.
Mais depuis que je me suis fait enfler par le jury du prix Hugo, dont je trouve qu'il a indûment récompensé le Black-Out de Connie Willis, ou alors c'est que la SF est vraiment une littérature en état de mort cérébrale, me laissant à la tête de 500 grammes d'un récit réservé aux réparateurs d'ascenseurs spatio-temporels en retraite désireux d'élargir leurs horizons spéculatifs, j'ai décidé de chercher une alternative à l'achat de livres issus de forêts écologiquement gérés, parce que j'en ai déjà plein la maison et que je ne peux pas tous les refourguer sur le bon coin pour qu'ils continuent leur vie sans moi (la vie d'un livre, c'est d'être lu.)

Je voulais donc acheter mes prochaines lectures d'été au format électronique et les mettre dans notre Ipad, mais je viens de découvrir qu'il existe au moins un hypermarché de l'illégalité http://toutbox.fr/ qui permet de se remplir la musette avec des livres au format epub (pour lire avec Ibooks, comme je le découvre ingénûment et sans doute sur le tard) sans débourser un kopeck, quitte à les acheter après les avoir lus si ils nous ont plu.

C'est dingue.

Aussi ébahi que quand j'ai téléchargé mon premier divX, j'ai trouvé 10 romans de Christopher Priest, auteur recommandé par tous les sites et blogs de SF, gratuitement déverouillés par la team TrucKrew, y'a plus qu'à se baisser pour les empiler dans sa liseuse.

Il est certain que l'offre dépasse largement la demande, et si je n'ai pas envie de provoquer le suicide des libraires après n'avoir pas peu contribué à celui des disquaires, mes recherches m'encouragent néanmoins à devenir l'enthousiaste fossoyeur de la littérature. Il faut que je revoie mes prémisses.

Et puis, c'est la même absurdité que le téléchargement compulsif de films, de séries, de musiques ou de bédés : où trouverai-je le temps d'ingurgiter tout ça ?

Sans parler d'avoir accès à notre Ipad familial en vacances, vu que les filles de la maison ne crachent pas dessus.
Sans parler du sable dans le port USB, des difficultés de mémorisation engendrés par la lecture sur support numérique, et sans parler du chien.

dimanche 15 juin 2014

L'échec sans cesse renouvelé du narcissisme comme stratégie identitaire


Foin d'instantanés aux couleurs passées en guise de mémoire glorieuse : je décroche tous les colifichets et autres photos avantageuses qui pendouillent depuis des lustres au mur de mon bureau et les range dans un tiroir.
Il y a un vieux photomaton qui me rappelle qu'avant de tomber sous les coups des Nazguls de Morgoth, j'avais plutôt une bonne tête, à part la vitrosité du regard dûe à un début d'abus de substances éthyliques.
En tout cas, rien à voir avec celle que je fais maintenant, cette expression constipée qui me signale alentours comme le roi de la frustration.
Bénissons le fait qu'il y a sûrement une excellente raison au fait que je ne puisse plus écrire d'article(s) sur les états schrödingeriens de mon nombril (ni vivant ni mort), et profitons de ce répit pour faire un peu de méditation en suivant les précieux conseils de Fabrice Midal.
             
              *
Si je ne puis prétendre avoir envie de fumer du Tabac en ce moment, eu égard aux inconvénients avérés de la plante, j'ai quand même l'impression que l'Esprit du Tabac se taperait sans doute bien le Warsen en ce moment.

                                                           *
Un jeune couple de Deschiens plus vrais que nature, rencontré sous un pont de la Mayenne, à Laval : ils me demandent à quelle heure passent les radeaux, persuadés que "les Boucles de la Mayenne" c'est une course de radeaux, alors qu'il est de notoriété publique (et placardé partout en ville depuis une semaine) que c'est une course cycliste dont nous sommes déjà au quatrième jour. Ils semblent avoir la comprenette endommagée à un point tel qu'une armada de travailleurs sociaux leur mange sans doute dans la main. J'ai mal pour eux, mais c'est de l'empathie mal gérée, à l'idée de devoir me mouvoir dans un monde où tout soit ainsi mal posé, mal fichu, confus et ne fonctionnant pas comme je le pensais. Le lendemain, je me rappelle des domaines de ma vie dans lesquels je peux faire encore des efforts pour qu'on puisse envisager que je les aies compris et intégrés. Moi aussi, des fois je guette des radeaux sous un pont, sachant pertinemment que c'est des vélos, et qu'ils vont passer au centre ville.                                      

mardi 3 juin 2014

La Belle Vie - Matthew Stokoe

Début mars, alors que je passe quelques jours lascifs dans l'albigeois, alerté par la lecture distraite et complaisante du supplément littéraire du Monde des livres, je tombe là-dessus :


"... sans doute le roman le plus cru écrit sur Hollywood. Dans sa préface, l'écrivain Dennis Cooper, dont les livres n'ont pas froid aux yeux non plus, le compare à Fight Club de Palahniuk et à American Psycho d'Ellis. Autant dire que la violence, la perversion et la noirceur absolue sont au rendez-vous de cette plongée terrifiante dans la face cachée du rêve hollywoodien. Il faut s'accrocher pour lire les aventures de Jack, qui rêve de côtoyer les stars, mais vit dans un studio de troisième zone à Venice. Pour s'en sortir, il ne va pas hésiter à passer au-delà des limites, tutoyant les dingueries les plus ultimes..."


Bon, ça a l'air plaisant, et je n'ai rien à lire à part Matthieu Ricard, alors je dégotte une édition de poche dans le vieil Albi.
L'éditeur a cru bon de rajouter un sticker translucide "BRUTAL / politiquement incorrect / VIOLENT" sur la couverture pour que les enfants ne le confondent pas avec Watch Dogs.

Hélas : en fait de descente aux enfers, le narrateur de La belle vie semble coupé de lui-même et le livre est plutôt ennuyeux : des pervers y sodomisent des cadavres, d'autres se masturbent avec des reins fraichement prélevés à d'innocentes victimes, on y violente de vieilles prostituées coprophages, mais dans une absence d'affects totale.
Heureusement pour l'auteur, qui ne s'est pas embarrassé d'une empathie dangereuse avec ses personnages, et fait oeuvre de moraliste et de théoricien du nihilisme observé à travers une vitre sans tain. Dommage pour le bouquin qui, sans chair restent tragiquement désincarné : tous ces gens courent après des désirs transgressifs qui ne peuvent leur apporter que frustration, compulsion de répétition et mort (dans cet ordre-là) sans que ça ait vraiment éveillé mon intérêt, au delà de la quête un peu vaine du blasphème total, comme y disent là :

J'aurais mieux fait de lire Matthieu Ricard.