jeudi 13 février 2014

Lointain souvenir de la peau

C'est rare que j'achète un livre dès sa sortie, sans attendre l'édition de poche. Mais bon, avec Russell Banks, il n'y a pas trop de danger d'être déçu. Et puis, le sujet me touchait d'assez près. Tellement près, d'ailleurs, que j'ai calé au milieu quand je l'ai acheté il y a deux ans. Il aura fallu que ma chérie tombe dessus et le dévore pour que je le reprenne. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'en ai eu pour mon argent.

Le héros est un gamin de 22 ans, sans prénom, le Kid, avec pour seul ami un iguane; c'est un délinquant sexuel presque par erreur. N’eusse été une erreur de jugement, une incompréhension du monde, une solitude immense, le Kid n’aurait pas franchi le pas, irrémédiable, qui le fait se retrouver, à l’aube de l’âge adulte, habitant d’un campement de délinquants sexuels, perdu sous un viaduc entre des pédophiles et des violeurs. Il essaie d’avancer, un bracelet électronique à la cheville.
Ce Kid, c’est presque le cousin de Bone, héros de "Sous le règne de Bone", roman que Russell Banks a écrit il y a près de vingt ans: le même sens de l'humour, une certaine irrévérence. Ce pourrait aussi être un neveu de Bob Dubois, dans Continents à la dérive, qu’il signait il y a un peu plus de trente ans. Des personnages qui glissent, personne ne les rattrape.
A part l'intelligence et la sensibilité de l'auteur, qui se coltine ces redoutables questions par le biais de la littérature :
«Le monde du Kid je ne le comprends pas. Je ne comprends pas le monde de la délinquance sexuelle. Je ne sais pas ce que c’est d’être à moitié analphabète, à peine capable de se débrouiller. Je ne comprends pas le monde d’incompréhension dans lequel vit le Kid. Je ne comprends pas la mentalité tordue du Professeur [autre personnage central du roman, professeur obèse brillant et indéchiffrable]. Je ne sais pas ce que c’est de peser 150 kg, d’être à l’intérieur d’un corps si énorme, d’être accro à la nourriture, d’avoir un passé compartimenté… La seule manière de comprendre ces mystères, c’est de passer deux, trois ou quatre ans avec ces personnages, en les habitant et donc en habitant leur monde, grâce à la fiction. La fiction permet de vivre des vies que vous n’auriez pas pu vivre autrement, et être avec des gens que vous ne pourriez pas fréquenter si la littérature n’était pas là. C’est la seule manière de comprendre.»



http://seren.dipity.over-blog.fr/article-i-ve-got-you-under-my-skin-sur-lointain-souvenir-de-la-peau-de-russell-banks-101367054.html

http://www.telerama.fr/livres/lointain-souvenir-de-la-peau,78754.php

http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-lost-memory-of-skin-de-russel-banks-114733028.html

http://www.slate.fr/story/52219/russell-banks-lointain-souvenir-de-la-peau-litterature

mercredi 12 février 2014

Méditations

Lundi, Fred Mitterand avait invité Francois Cheng à propos de son livre «Cinq méditations sur la mort - autrement dit sur la vie» aux éditions Albin Michel…

http://www.franceinter.fr/emission-jour-de-fred-francois-cheng-medite-sur-la-vie


A la fin de l’émission, Fred a cité Etty Hillesum, et c’est toujours salubre de l’entendre :
« En disant: ‘J’ai réglé mes comptes avec la vie”, je veux dire : l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie; regarder la mort en face et accepter cette mort, cet anéantissement, toute forme d’anéantissement, comme partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen pour le plus grand nombre, parce qu’on en a peur et qu’on ne l’accepte pas, de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée, méritant à peine le nom de vie. Cela peut paraître presque paradoxal : en excluant la mort de sa vie on se prive d’une vie complète, et en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »

Etty Hillesum, Journal, Jeudi 17 septembre 1942



dimanche 10 mars 2013

La vie Geek 3

En 1997, j'ai écrit une application interactive sous Macromédia Director 4.
Elle prophétisait ce que j'allais vivre pendant les 15 années suivantes.
Me voici, tel un postcog (l'inverse des précogs de Phil K. Dick, ces mutants qui peuvent prédire les évènements à venir) contemplant fièrement cette crispation cyber en me tapant sur l'épaule "je te l'avais bien dit, que c'était une foutue idée, de troquer la boutanche contre l'ordinateur."
J'ai compilé les meilleurs passages de ce testament spirituel, qui ne tourne que sous Mac OS 8.5, système d'exploitation aujourd'hui disparu comme tant d'autres langues mortes.
Je n'ai pas recréé tous les boutons qui permettaient de passer plus ou moins interactivement d'un écran à l'autre, c'était trop de boulot, nul névropathe en son pays.
Le meilleur, sur le CD-Rom, c'était un dossier nommé "Rien", et quand on l'ouvrait, ça ouvrait un fichier texte sur lequel on lisait "c'était donc vrai ! ", vous voyez le genre.

Interné sur internet, le film from john warsen on Vimeo.

samedi 9 mars 2013

La vie Geek 2

Un film de la caméra casher :
Le Motion Tracking pour les Nuls
Sight from Sight Systems on Vimeo.



Le TimeLapse pour les Nuls

Landscapes: Volume Two from Dustin Farrell on Vimeo.



Le Geek & Trollisme pour les Nuls

SKisM - Experts (Official Video) from Richard Payne on Vimeo.



Les vicissitudes de l'insatisfaction du cadre créatif pour les Nuls

WhoMadeWho "Running Man + The Sun" from Good Boy! Creative on Vimeo.


mercredi 6 mars 2013

La vie Geek


Cela fait des mois que je m'agace sur un problème technique assez retors.
Quand j'attrape des films tombés du camion en HD, 720p ou 1080p, ils ont pour la plupart les pistes son encodées en DTS 5.1, et de ce fait ne passent pas sur mon disque dur multimédia WD Elements Play, qui n'est pas taillé pour le DTS.
Mais j'avais trouvé une parade, avec l'aide d'un collègue, oh, un truc simple : convertir les pistes son du fichier d'origine .mkv en fichier .wav à travers Quicktime Player 7 (la version actuelle de Quicktime, soit la 10, ne le permet plus mais les deux versions cohabitent aimablement sous Mac OS X) et pis après, réassembler image d'origine et son converti dans le logiciel mkvmerge.
Cette parade a trouvé sa limite, depuis plus d'un an à chaque fois que je faisais la bidouille, je me retrouvais avec un film noir, avec l'audio correctement convertie mais la piste vidéo invisible, ce qui me condamnait à regarder ces films sur l'ordi avec le logiciel VLC, qui lit tout.
Regarder des films sur un ordi ? Moi ? ça va pas, non ?
Après avoir envisagé toutes les possibilités qui m'apparaissaient envisageables, j'en avais déduit que le nouveau codec H264 AVC n'était pas compatible avec mon lecteur de salon, au demeurant décevant par rapport à la version précédente (mauvaise lisibilité des sous titres, films 1080p saccadés et autres problèmes de riches.)
Et je vivais sans prendre de films HD, de toutes façons j'ai 1,2 téraoctets de films géniaux et de séries en retard sur mon disque dur.
Mais ça m'agaçait de ne pouvoir jouir en  bon père de famille du fruit de mes rapines, d'autant plus que le problème se manifestait de façon aléatoire : certains films en HD passaient, d'autres restaient obstinément noirs.
Et que j'avais récemment craqué pour l'intégrale de Hitchcock en HD, 143 Gigaoctets de Technicolor beau à pleurer, une broutille. 
L'autre jour, j'ai ramené le Hobbit de chez un ami, en 1080p, avec son DTS 5.1, et je me suis dit "tiens, avant de me faire suer le burnous à réencoder ses pistes son, je vais regarder si le 1080p passe sur la télé."
Ca passe : belle image, pas de son.
Alors je fais la manipe, Quicktime 7, export wav, mkvmerge, et au final, je me retrouve à nouveau avec du son mais pas d'image.
Illumination : comme j'ai eu de l'image mais pas de son dans la version originale du fichier, je me dis que j'ai sûrement une looze avec mkv merge, peut-être que ma version est obsolète ?
Bingo, mkvmerge, qui s'appelle en fait mkvtoolnix mais ça serait trop long d'expliquer pourquoi, j'étais resté à la 4.8.0, alors qu'on en est à la 6.0.0, ouah la burne, et que je la charge, et que je teste, et voila-t'y-pas que ça remarche comme en 40.
Triomphe total du discernement, comme disait le Rinpotche qui m'a baptisé ainsi lors de ma retraite dzogchen de 2006, qui est fort loin.
Tout ça pour regarder des blockbusters ineptes à moins d'un mètre de l'écran pour pouvoir compter les pixels, comme il y en a 1920 x 1080 et ce 23,98 fois par seconde, ça en fait un paquet.


L'obscur objet de mon ressentiment, 
jusqu'à ce que je découvre l'étendue de mon ignorance.